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Travail illégal sur les chantiers des JO de Paris : trois géants du BTP face aux prud’hommes

Publié le 11 octobre 2023

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Dix ouvriers, aujourd’hui régularisés, veulent faire reconnaître devant les prud’hommes leur travail sur les chantiers des Jeux Olympiques de Paris. À l’époque employé illégalement par quatre majors du BTP, ces travailleurs veulent également que soit reconnu la « responsabilité » de ces géants du bâtiment qui ont recours à la sous-traitance sur ces sites.
Travail illégal sur les chantiers des JO de Paris : trois géants du BTP face aux prud’hommes - Batiweb

Le travail illégal sur des chantiers d’ampleur continue de faire parler de lui en France. Au mois de juin dernier, dix ouvriers, à l’époque sans-papiers, ont assignés aux prud’hommes quatre majors du BTP (Vinci, Eiffage, GCC et Spie Batignolles) et huit sous-traitants. Ces travailleurs, essentiellement originaires du Mali, reprochent à ces géants du BTP de les avoir fait travailler sans contrat de travail, sans fiche de paie, ni congés ou heures supplémentaires.

L’heure est désormais venue pour ces dossiers d’être examinés. Ces derniers vont être réunis ce jeudi 12 octobre à 13h devant un « bureau de jugement » commun. « Bureau de jugement » qui doit opposer les dix ouvriers à huit sous-traitants du BTP, selon le greffe du conseil de prud’hommes de Bobigny.

Les trois géants du secteur, et maîtres d’œuvre des futurs sites olympiques que sont Eiffage, Spie Batignolles et GCC sont également assignés. Vinci a de son côté finalement été mis hors de cause.

Des géants du BTP bientôt condamnés ?...  

 

En plus des arriérés de salaires et le recouvrement des cotisations sociales, les dix plaignants espèrent voir ces géants du bâtiment condamnés pour « travail dissimulé », explique Richard Bloch, le défenseur syndical de la CGT qui doit plaider les dossiers aux prud’hommes.

« Les donneurs d’ordre ont la responsabilité de ce qui se passe sur leurs chantiers », quand bien même ce sont des petites structures qui recrutent les ouvriers, prévient-il. « Les géants du bâtiment externalisent toute leur main d’œuvre de premier niveau, ce qui ouvre la porte à ces entreprises qui elles-mêmes exploitent les sans-papiers », affirme Richard Bloch, dont le syndicat avait accompagné ces personnes dans leur processus de régularisation.

Une enquête préliminaire avait été ouverte il y a plus d’un an par le parquet de Bobigny, notamment pour « travail dissimulé » et « emploi d’étranger sans titre en bande organisée » après que des contrôles aient permis d’identifier plusieurs travailleurs irréguliers sur un chantier olympique.

Contrairement à Eiffage et GCC qui n’ont pas souhaité s’exprimer, le géant du BTP Spie Batignolles a assuré tout mettre en œuvre pour lutter contre le travail illégal : « Notre groupe a engagé un grand nombre d’actions pour s’assurer que tous les salariés présents sur l’ensemble de ses chantiers soient en règle ».

... rien n’est moins sûr

 

Richard Bloch, en charge des dossiers des plaignants, n’est pas pour autant rassuré à l’approche des audiences. En effet, plusieurs sous-traitants se sont déjà placés en liquidation judiciaire, ce qui fait planer le spectre d’un renvoi, le temps que la justice retrouve trace des dirigeants.

« Le procureur n’a pas alerté les tribunaux de commerce pour empêcher ces placements en liquidation. Il est possible d’imaginer qu’il y ait un intérêt à ce que la procédure ait lieu après les JO(26 juillet-11 août, ndlr) plutôt qu’avant », observe le défenseur syndical.

 

Jérémy Leduc (avec l’AFP)

Photo de Une : AdobeStock

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