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L’étonnant souffle de Meudon

Publié le 18 février 2002

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Pour se libérer de l’apesanteur, les architectes et ingénieurs ont débridé leur imagination et utilisé sans arrière-pensée tous les matériaux. La soufflerie de Meudon fut, dans ce domaine, exemplaire
L’étonnant souffle de Meudon  - Batiweb
Quel est le dénominateur commun entre Tintin, le supersonique Concorde et la 4CV Citroën ? Ne cherchez pas. Il s’agit tout simplement de la soufflerie de l’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales) sise dans le merveilleux parc, dessiné par Le Nôtre, de Chalais-Meudon, aux portes de Paris. L’endroit, aujourd’hui peu connu, abrite pourtant les plus beaux monuments dédiés à la science. On y trouve, pêle-mêle, le dernier hangar à dirigeables existant et un observatoire. Autant dire que ce site est dédié au ciel ! Mais ce qui nous intéresse, c’est bel et bien cette soufflerie qui fut unique en Europe. Ici, le fond n’explique pas la forme. Expliquons-nous. De l’extérieur, on ne voit qu’un long tube de béton haut comme un immeuble de quatre étages. Certes, à son apparence, on se doute qu’il y a anguille sous roche. D’autant qu’à l’une de ses extrémités on aperçoit six énormes hélices logées dans des cylindres. Mais ce bâtiment vaut plus par ses intérieurs que par son aspect extérieur. Car ici, en effet, ce sont des impératifs techniques qui ont déterminé son architecture. L’intérieur de ce gigantesque aspirateur est une ellipse de béton nu, de 20 mètres de haut et de 40 mètres de long, sans aucun obstacle. Et rien n’indique à l’œil du néophyte que tout, ici, a été calculé au millimètre près par des ingénieurs de l’aéronautique. Nous sommes en 1934. L’industrie aéronautique a fait d’énormes progrès. Les avions ne sont plus déjà ceux de la guerre de 14. Désormais, les ingénieurs ont besoin de connaître, grandeur nature, la résistance des matériaux à la pénétration de l’air. D’où la nécessité de cette soufflerie dont la construction est confiée à un ingénieur, Antonin Lapresle et un architecte, Gaston Le Marec. L’envergure de cette soufflerie est telle que l’on peut suspendre un avion à un pont roulant et le soumettre à des vents de 180 km/h. En 1934 ! Un véritable exploit. C’était, jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale, la plus grande soufflerie du monde et c’est ici entre autre que fut conçu le fameux avion Morane-Saulnier. La guerre a épargné la soufflerie, de sorte que dès 1945, elle reprend du service. Et elle étend même son champ d’action. Ici seront testés non seulement le Mirage III, la Caravelle mais aussi la fameuse voiture Coccinelle et la 4CV. C’est ici aussi que l’équipe de France de ski viendra chercher sa fameuse position idéale de descente. Mais cette étonnante soufflerie fit aussi rêver les artistes. Ainsi, après avoir figuré en bonne place dans les aventures des héros de la bande dessinée "JO et Zette", elle fut aussi pour Hergé, le père de Tintin, le laboratoire de test du fameux Stratonef H 22, la fusée qui emmena le célèbre reporter sur la Lune. Ce n’est que dans les années 60 que cet ouvrage va trouver ses limites et devenir obsolète. Il fut alors quasiment abandonné. D’où l’idée de le classer monument historique. Aux côtés de l’observatoire et du bâtiment, il s’apprête aujourd’hui à devenir une grande vitrine de la science accessible à tous.

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