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Nucléaire : les annonces de Ségolène Royal font polémique

Publié le 29 février 2016

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La ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Ségolène Royal, a indiqué dimanche 28 février être prête à « donner (le) feu vert » au prolongement de dix ans de la durée de vie des centrales nucléaires françaises. L’annonce n’a pas manqué de créer la polémique et de faire bondir les écologistes qui voient cette décision comme une « nouvelle concession au lobby du nucléaire ».
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L’annonce est formelle : Ségolène Royal est prête à donner son feu vert à la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires françaises, qui passerait ainsi de 40 à 50 ans.

Durant une intervention sur France 3, la ministre de l’Ecologie et de l’Energie a précisé « Je suis prête à donner ce feu vert, sous réserve de l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire » (ASN), ajoutant que ces centrales exploitées par EDF « sont déjà amorties, donc produiront une électricité meilleur marché ».

Cette décision s'inscrirait « dans le contexte de la baisse de la part du nucléaire de 75 à 50% dans la production d'électricité pour monter en puissance sur le renouvelable », tel que prévu par la loi de transition énergétique adoptée l'an dernier, a-t-elle rappelé.

Le nucléaire, « une énergie chère et dangereuse »

La loi de transition énergétique promulguée en août 2015, plafonne à 63,2 gigawatts (GW) la production d'électricité nucléaire en France et réduit à 50% la part de l'atome dans la production électrique à horizon 2025, contre 76% en 2015, pour favoriser les énergies renouvelables.

Une des conséquences de la loi est l'obligation pour EDF d'adapter son parc aux ambitions de la France en matière de transition énergétique et à fermer un ou deux réacteurs pour compenser l'entrée en service de l'EPR de Flamanville (Manche), reportée à 2018.

Cela réduirait « d'environ un tiers la production nucléaire, soit l'équivalent de la production de 17 à 20 réacteurs » sur les 58 composant le parc français, dans l'hypothèse d'une croissance modérée de la consommation de courant, indiquait la Cour des comptes mi-février.

Au même moment, le patron d’EDF, Jean-Bernard Levy, affirmait que « l'Etat (avait) donné son accord pour que nous modernisions le parc actuel de façon à ce que la durée de vie qui a été conçue pour 40 ans, nous la montions à 50 et 60 ans, sous réserve que la sécurité nucléaire soit garantie ».

Ces propos avaient été fortement critiqués par le parti politique Europe Ecologie-Les Verts qui avait alors lancé un appel au gouvernement pour qu'il réaffirme « l’intention ferme, claire et précise des engagements de la France à s’orienter vers les filières d’avenir ».

Dans un communiqué, EELV avait d’ailleurs déclaré : « Le nucléaire est une technologie dangereuse, chère et périmée. Au vu de la vétusté des centrales nucléaires, leur prolongation et mise aux normes représenteraient une immense gabegie financière et menacerait clairement la santé et la survie d’une entreprise comme EDF ».

Une nouvelle concession au lobby du nucléaire.

Au lendemain de l’annonce de Mme Royal, EELV est revenu à l’attaque en déclarant : « Le nucléaire est une énergie dangereuse (…) dont la France est désormais otage, faute d’avoir pris le tournant du solaire et de l’éolien. L’annonce est une nouvelle concession au lobby du nucléaire ».

Sur son compte Twitter, Julien Bayou, porte-parole du parti écologiste a ajouté : « Prolonger les centrales nucléaires, c’est faire courir des risques aux Français et retarder le développement des énergies renouvelables ».

L’association Sortir du Nucléaire a également exprimé son mécontentement et considère que « la ministre a choisi de sacrifier la protection des populations pour préserver les intérêts d’une filière nucléaire en déroute. Ce choix perdant-perdant est profondément immoral et confirme l’inconséquence écologique de ce gouvernement ».

Prolongement, quel financement ?

Le secrétaire d’Etat écologiste à la Réforme de l’Etat, Jean-Vincent Placé, a indiqué lundi sur France 2, qu’il était « à titre personnel "pour" la sortie du nucléaire » et que l’annonce réalisée par la ministre de l’Ecologie allait se heurter « à une forme de réalisme et de pragmatisme. Il va falloir aller beaucoup plus vite sur les énergies renouvelables et sur la maîtrise de l'énergie pour les Françaises et les Français », a-t-il estimé. 

M. Placé a précisé que l’annonce ne concernait « pas toutes les centrales. C'est à dire qu'il y aura quelques centrales qui auront vocation à être modernisées. Mais, je le dis aussi pour mes collègues du gouvernement, attention, la filière nucléaire aujourd'hui telle qu'elle est, avec les échecs de l'EPR, et en Finlande et à Flamanville, c'est plutôt au bord de la faillite. Donc très sincèrement, je ne vois même pas comment on va trouver l'argent pour prolonger ».

La question du financement a également été abordée par EELV qui souligne que « les fonds mobilisés pour le « grand carénage » manqueront cruellement au développement des énergies renouvelables et aux investissements de réduction de consommation énergétique, alors même que ces orientations sont bien plus créatrices d’emplois tout en préservant l’environnement et le portefeuille des ménages ».

Sortir du nucléaire estime de son côté que « le grand carénage prévu pour allonger la durée de vie des centrales ne pourra jamais remédier – aux problèmes de sûreté - et se résoudra à un rafistolage coûteux et inutile, d’autant plus qu’EDF est déjà débordée par les travaux de maintenance qu’elle s’est elle-même fixée ».

R.C (avec AFP)
© Fotolia

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