Gel de MaPrimeRénov’ : 68 % des professionnels inquiets pour leur activité

Alors qu’une suspension des demandes d’aide pour MaPrimeRénov’ est prévue entre le 1er juillet et le 15 septembre, Batiweb a mené un sondage auprès de 130 professionnels du bâtiment entre le 7 et le 10 juin.
Des inquiétudes concernant l’impact de cette suspension
Dans un premier temps interrogés sur leur réaction à l’annonce de ce gel, 68 % se disent inquiets pour leur activité et 62,5 % en colère face à une décision brutale.
Les réactions au gel de MaPrimeRénov'. Source : sondage Batiweb juin 2025
Il faut dire que pour 44 % des professionnels sondés, MaPrimeRénov’ a soutenu environ la moitié de leurs chantiers, et même 80 % des chantiers pour 20,5 % d’entre eux.
De fait, ils sont 72 % à déclarer un impact positif de l’aide sur la demande des particuliers et sur leur activité.
L'impact de MaPrimeRénov' sur l'activité. Source : sondage Batiweb juin 2025
Cependant, avec la suspension annoncée, plusieurs projets ont été mis sur pause pour près de trois quarts des répondants.
Dans ce contexte d’incertitude, 38 % prévoient que des chantiers seront reportés à l’année prochaine, et 20 % envisagent de proposer d’autres aides à leurs clients en attendant un déblocage (CEE, Eco-PTZ…).
Budget, fraudes, hausse des demandes… plusieurs causes avancées
Sondés sur les principales causes de ce gel, 55 % estiment que la situation s’explique par un manque de budget pour 2025. Toutefois, le gouvernement a annoncé le 10 juin que le budget de 3,6 milliards d’euros consacré à MaPrimeRénov’ serait « sanctuarisé » et même complété par « plusieurs centaines de millions d’euros » issus du dispositif des Certificats d’Economies d’Energie (CEE).
Parmi les autres réponses, 50 % imputent ce gel à l’excès de fraudes et d’abus, ce que confirme le gouvernement, qui a enregistré 16 000 dossiers frauduleux depuis le début de l’année. Le ministère a affirmé qu’il entendait mettre à profit cette suspension estivale pour mieux lutter contre ces fraudes.
Dans le détail, 35 % des sondés constatent une concurrence déloyale, et 28 % certaines pratiques abusives, comme des « travaux surfacturés proposés comme gratuits ».
Les pratiques abusives constatées. Source : sondage Batiweb juin 2025
En troisième position, 46 % des professionnels citent une hausse des demandes et une administration saturée. Là encore, l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) ne peut que confirmer un afflux de demandes, avec des rénovations d’ampleur qui auraient triplé au 1er trimestre 2025 par rapport à un an plus tôt.
Concernant les difficultés qu’ils ont pu rencontrer avec le dispositif, 62 % déplorent des « procédures complexes ou instables », et57 % font état de « retards de traitement et de paiement ».
Les difficultés rencontrées par les professionnels : source Batiweb juin 2025
Autre résultats à noter : 58,5 % craignent que la suspension ne soit prolongée, et 49 % doutent de la pérennité du dispositif sur le long terme.
Les craintes à plus long terme. Source : sondage Batiweb juin 2025
Plus de stabilité et de rapidité réclamées
Interrogés sur les améliorations à apporter à MaPrimeRénov’, 32 % souhaiteraient une plus grande stabilité des règles, 25,8 % des délais de traitement plus rapides, et 18,8 % plus de simplicité dans les démarches.
Les améliorations attendues. Source : sondage Batiweb juin 2025
Par ailleurs, les sondés réclament également un contrôle renforcé, voire systématique, des dossiers pour éviter les fraudes et une limitation de la sous-traitance.
Pour rappel, la ministre du Logement a promis une réunion avec les principaux acteurs du secteur le 17 juin prochain. Reste à savoir si certaines de ces propositions seront retenues pour améliorer le dispositif.
Par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock