Quatre en un, le centre européen du judaïsme
Un emplacement singulier, un programme conséquent et une forme classique, le centre européen du judaïsme est tout sauf ostentatoire. S’insérant avec tact dans le paysage parisien, l’ensemble, offre au piéton une grande visibilité de l’édifice.
Sobriété et élégance, pondération et monumentalité
Suite à un concours, Stéphane Maupin et Bruno Fléchet ont été retenus pour mener à bien le projet. Il s’agit de se faire entrecroiser sur un terrain de 1650 m², plusieurs fonctions au sein d’une seule entité. Au programme un pôle religieux, un pôle culturel, un pôle associatif et un jardin intérieur.
Inauguré le 29 octobre 2019, d'une surface totale de 5.000m², l’édifice qui se trouve à la place de Jérusalem à Paris, comprend une synagogue de 600 places, une salle de spectacle, des salles d'exposition, une médiathèque, un mikvé (le bain rituel consacré aux ablutions) ainsi qu’un jardin avec café et restaurant. A cela s’ajoute plusieurs bureaux situés au dernier niveau du bâtiment. L’ensemble est ouvert au public.
©Boegly + Grazia |
L’édifice qui se trouve dans un lieu stratégique, au croisement de plusieurs rues, garde un certain dialogue avec les bâtiments alentours. Aussi indépendant qu’autonome, l’ensemble est présent dans le tissu urbain comme s’il avait toujours existé. Cela est dû à la dextérité des architectes qui ont su manier le programme pour en former des volumes en équilibre.
Mais c’est quoi au juste le centre européen du judaïsme ? C’est non seulement un lieu de culte mais l’ensemble constitue également un vaste lieu d’échange et de savoir. Un lieu singulier et atypique qui, tout en s’organisant autour de la grande synagogue, permet une autonomie pour chacune de ses entités.
Le sacré et le secret, l’ombre et la lumière
Les architectes ont réussi à arranger délicatement les diverses parties du programme dans un seul ouvrage au socle commun. L’ensemble est façonné en béton dont l’unicité octroie au volume une lecture harmonieuse tout en préservant les quelques spécificités dues aux différentes ouvertures entre autres. Est-ce que chaque entité est identifiable de l’extérieur ? Une question à laquelle Stéphane Maupin répond avec précision : « Bien sûr qu’ils sont identifiables » dit l’architecte qui a veillé tout au long du processus à répondre aux différentes exigences de la maîtrise d’ouvrage. Il en résulte un édifice unique où les bureaux se retirent derrière une façade métallique en caillebotis tandis que la synagogue se découpe vers le ciel en alternant trumeaux remplis et vitraux allongés. Quant à l’école, elle est percée d’ouvertures qui abordent délicatement la régularité des fenêtres haussmanniennes adjacentes. Nous pouvons dire qu’il s’agit d’un ensemble qui croise adroitement le sacré et le secret, l’ombre et la lumière tout en jouant avec les différentes échelles et les matières.
©Vanessa Bosio |
Outre les divers volumes visibles, le projet accueille en son centre un espace paysagé intérieur attenant à la cour de l’école voisine. Les écoliers peuvent donc bénéficier d’un bel environnement végétalisé. Par ailleurs, notons que l’architecte Stéphane Maupin a conçu le grand lustre de la synagogue ainsi que son mobilier.
Le centre européen du judaïsme appartient à ces projets de grande ampleur que les architectes n’auront probablement l’occasion de ne construire qu’une fois durant leur carrière. C’est une invitation à la découverte, un exercice complexe, un dépassement de soi pour une architecture aussi symbolique que fonctionnelle. A Paris, Stéphane Maupin et Bruno Fléchet ont engendré un ouvrage composite, une réalisation qui a su croiser brillamment sobriété et élégance ainsi que pondération et monumentalité. Un bel exploit !
Sipane Hoh
Photo une : ©Boegly + Grazia