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(Témoignage) Recyclage : que faire des panneaux photovoltaïques usagés ?

Publié le 29 août 2011

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3 800 tonnes… soit le poids de modules solaires remplacés dans l’UE pour la seule année 2008. Tous les deux ans ce chiffre double. Si ce taux de croissance reste constant, ce sont 300 000 tonnes de matériaux qui devront être recyclées d’ici 2030 ! Si les modules renferment des matériaux précieux comme l’aluminium ou le silicium des cellules, d’autres tels que le tellure de cadmium menacent à la fois l’homme et l’environnement.
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Les modules photovoltaïques ont une durée de vie relativement longue, entre 20 et 30 ans d’utilisation. Les premiers panneaux photovoltaïques sont arrivés en fin de vie en Allemagne alors qu’en France, cela devrait être progressivement le cas dans les années à venir. Il est donc primordial de commencer à parler du recyclage de ces installations. Premièrement, les détenteurs de panneaux photovoltaïques sont des clients très soucieux de l’environnement. Un scandale des déchets pourrait avoir des répercussions désastreuses pour l’ensemble de la filière. Ensuite, le retraitement des déchets solaires offre la possibilité de récupérer des matériaux précieux. Cela signifie aussi que le recyclage et la possibilité d’une séparation pure des matériaux doivent être pris en compte dès la production. En Europe, l’Allemagne, a une responsabilité importante car - et cela n’est pas négligeable – elle est l’un plus gros producteurs de photovoltaïque au sein de l’UE. Le recyclage n’est pour l’instant soumis à aucune véritable législation

L’objet de la discussion en cours sur le recyclage des panneaux photovoltaïques porte essentiellement sur les cellules solaires à couche mince qui utilisent des semi-conducteurs à base de tellure de cadmium. Les métaux lourds en question sont soupçonnés de provoquer des cancers. Conformément à la ligne directrice du RoHS européen, « Restriction de l’utilisation de certaines substances dans les équipements électriques et électroniques », le cadmium présent dans les appareils électriques n’est pas autorisé. Cette règle précise quelles matières dangereuses ne peuvent pas être contenues dans les appareils électroniques et cible les composants problématiques à interdire dans le cadre de la diffusion massive des déchets électroniques. Le cadmium et ses dérivés tout comme le plomb et le mercure sont interdits.

Cependant, les modules photovoltaïques ne font pour l’instant pas partie des appareils visés par la directive RoHS - et la révision de la directive réalisée le 21 juillet 2011 n’a toujours pas pris en compte les panneaux photovoltaïques dans sa liste d’équipements, afin de ne pas pénaliser le développement de la filière. Toutefois Les panneaux photovoltaïques devraient entrer dans la liste de la directive en 2018.

 « En Allemagne, il existe déjà des lois sur le recyclage des modules usagés - Les lois sur les appareils électroniques (ElektroG), entrées en vigueur en mars 2005, et qui concernent les petites cellules PV intégrées aux appareils électroniques. Cependant dans le décret, aucun recyclage, sans coût supplémentaire pour le propriétaire, n’est prévu étant donné que la plupart des installations sont fixes et ne tombent donc pas dans le domaine d’application de la loi », explique Dr Andreas Horn, directeur Photovoltaïque au service Green City Energy de Munich. D’après lui, « Pour cette raison, les petits modules ont été jusqu’à présent traités comme du verre ou des gravats, ce qui d’un point de vue écologique est grave. Depuis l’introduction du système TASI de collecte et de traitement des déchets urbains en 2005, les déchets doivent être collectés et traités. »

Que cela signifie-t-il maintenant au cas par cas ? Les propriétaires et les entrepreneurs en parc solaire doivent théoriquement financer eux-mêmes l’incinération des matières plastiques des modules solaires à base de silicium. La collecte dans les règles de l’art des modules à couche mince qui contiennent des éléments tels que le tellure ou l’indium, des composés aussi toxiques que le cadmium précédemment mentionné, est encore plus importante.

Le secteur réagit aux besoins actuels

Bien avant que cela ne soit pertinent pour les acheteurs de modules, la recherche et l’industrie se sont emparés de la question du recyclage. Les constructeurs n’ont jusqu’à présent pas d’obligations légales, néanmoins, beaucoup d’entre eux reprennent les modules défectueux dans le cadre ou non des périodes de garantie. Certaines entreprises ont d’ailleurs développé des systèmes de recyclage sans frais pour les détenteurs d’installation. Le démontage et le retraitement des modules sont contrôlés par une entreprise experte, et  pris en charge par une entreprise de recyclage. 

Fondée en juillet 2007, l’organisation Européenne PV Cycle a créé un programme de reprise volontaire et de recyclage des modules solaires. Elle définit notamment les conditions préalables au succès d’un système de recyclage, telles que le recensement centralisé des quantités à recycler et l’obligation de collecte et de transport des modules usagés. D’après les indications de PV Cycle, il existe en Allemagne deux procédés : un procédé de recyclage qui est utilisé pour les modules solaires cristallins, et un plus évolué, optimal pour les modules au tellure de cadmium. Les procédés plus évolués sont encore en développement. Les deux procédés industriels visent à séparer le verre du silicone et du tellure de cadmium. Ainsi traité, les matières premières peuvent être ultérieurement recyclées dans d’importantes installations industrielles. Les deux procédés remplissent les exigences en matière de recyclage de haute qualité. Les statistiques indiquent que les coûts par tonne de déchets PV devraient baisser de 10 euros par tonne d’ici 2020.

Canadian Solar est l’une des entreprises les plus engagées au sein de PV Cycle. Nous voyons PV Cycle comme une plateforme idéale pour établir des standards au sein du secteur et pour en même temps travailler en commun avec des entreprises globales.

Notre branche recherche la voie la plus efficace pour recycler les modules solaires à base de silicium et en fin de vie. Les procédés sont pour le moment encore coûteux. Certes il faudra encore attendre un peu avant que les produits Canadian Solar, qui sont en service, deviennent des exemples en matière de recyclage. Nous sommes confiants et pensons être en mesure de développer une technologie qui assure un coût de recyclage abordable, sans laisser de rejets toxiques.

Gregory Spanoudakis, Président des Opérations Européennes de Canadian Solar, spécialiste mondial de l’énergie solaire

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