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« Mal conçu, un système domotique rend la maison trop complexe », Antoine Gimbert

Publié le 14 octobre 2015

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Antoine Gimbert, architecte d’intérieur-designer de l’agence François Bureau Hugues d’Achon et associés, a travaillé sur la réhabilitation d’une maison intelligente à La Baule, lauréate 2015 du concours du Smart Home & Building du mondial du bâtiment. Pour Batiweb, il revient en exclusivité sur les contraintes du projet et les défis de l’intégration de la domotique dans le respect du style de la maison.
« Mal conçu, un système domotique rend la maison trop complexe », Antoine Gimbert - Batiweb

Quelles étaient les contraintes de ce projet ?

Il s’agissait d’une opération délicate de réhabilitation et d’extension d’une maison à La Baule dans le quartier des villas, en première ligne sur la mer, et entourée d’immeubles. Il a été très difficile d’obtenir un permis de construire car la villa appartenait à la première sous-catégorie du secteur 1, les immeubles et villas qui constituent un patrimoine architectural exceptionnel ou remarquable. Les maisons doivent être sauvegardées, restaurées et protégées de toute destruction dans ce secteur.

Pour pouvoir démolir l’extension, comme le prévoyait notre projet, nous avons dû prouver qu’elle n’était pas d’origine. Nous avons ensuite créer une dent creuse suffisamment grande entre l’existant conservé et l’immeuble mitoyen à la parcelle, pour construire une extension possédant les règles du secteur 2 (celui des immeubles). Cela nous a permis d’élever la maison, à la même hauteur que les immeubles du front de mer. En revanche le parti pris architectural de l’extension se devait d’être complètement différent de la maison conservée afin de ne pas interférer avec l’historique conservé.

L’autre défi résidait dans l’intégration du système domotique, dans une maison d’une surface habitable de plus de 1 000 m2, sur 6 étages, comprenant sous-sol et terrasses.

Quelles étaient les directives des propriétaires sur l’intégration du système domotique ?

Les propriétaires, un couple franco-américain, avaient eu par le passé une mauvaise expérience de la domotique. Ils ont donc demandé avant tout un système simple d’utilisation pour une maison facile à vivre, avec des équipements intégrés pour éviter le côté inesthétique.

Comme il s’agit d’une maison secondaire, l’intérêt était aussi de leur offrir une accessibilité à leur maison depuis l’étranger. Sur l’ordinateur, le smartphone ou la tablette, il est donc possible de piloter la maison (ouverture des volets, allumage du chauffage) pour qu’elle soit prête dès leur arrivée.

Est-ce que sont des exigences de plus en plus demandées par vos clients ?

Dans les projets haut de gamme, cette gestion intelligente de la maison devient une évidence. Dès que l’on atteint les 2 500 euros/m2 en rénovation, nous la proposons systématiquement dans notre projet. En dessous, il faut avoir des arguments forts pour vendre un système domotique.

L’objectif est de proposer une solution simple, intuitive, ludique et pratique mais il faut aussi que le système ait un réel intérêt économique.

Quelles sont les clés pour réussir l’installation d’un système domotique dans un projet architectural complexe ?


Dans ce type de projet, l’architecte peut anticiper à 50 % l’intégration du système en amont, sur plan. Le reste se fait sur le terrain, en direct avec les entreprises. Un dernier test est enfin réalisé avec le propriétaire des lieux, pour savoir si le système correspond bien à ses usages et ses besoins.

Trop souvent, l’excès de technologies impacte la simplicité et l’ergonomie d’un système. En d’autres termes, trop de domotique tue la domotique. Mal conçu, un système domotique rend la maison trop complexe. Il faut donc pouvoir rester maître de la domotique.

En tant qu’architecte, nous ne sommes que des généralistes. Nous avons donc fait appel à des spécialistes, l’entreprise EDI Barbé et l’installateur électrique ETS Mousset, qui ont diagnostiqué les contraintes du bâti et les attentes des clients pour proposer la meilleure solution domotique possible.

Quelles ont été les réponses techniques apportées dans cette maison ?

Nous avons opté pour un système entièrement modulable, grâce au protocole KNX qui permet d’adapter plusieurs produits sans se limiter à une marque en particulier. La technologie utilisée LE BUS permet de mettre en communication toutes les sources et points de commandes de la maison. Tout devient programmable et reprogrammable à souhait. Un même interrupteur peut avoir plusieurs actions (de 1 à 8) : allumer une source lumineuse, éteindre toutes les lumières des circulations depuis son lit, fermer tous les volets roulants d’un clic, mettre en route l’alarme etc.

L’ensemble des systèmes restent très discrets dans la maison, cachés derrière des tissus acoustiques, des plaques de plâtre… Les technologies visibles, elles, se font esthétiques : les écrans deviennent miroirs, leur encadrement déco…

L’intégration de la domotique dans un décor devient alors un jeu dans lequel il est pleinement possible de concilier innovations technologiques et respect des matériaux nobles de la maison.

Propos recueillis par Claire Thibault




Fiche technique :

Maître d’ouvrage : privé
Maître d’œuvre : Agence d’architecture François Bureau Hugues d’Achon et associés (Nantes)
Etudes & Conseils : La maison communicante FX Jeuland
Electricien: ETS Mousset (Guérande)
Intégrateur: Barbé EDI (Rennes et Guérande)

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