La Tour Eiffel (1889), le pont Alexandre III, le Petit et le Grand Palais (1900), le Palais de Chaillot ou celui de Tokyo (1937), autant d'emblèmes parisiens qui doivent leur existence aux Expositions Universelles qui ont agité la capitale en différentes époques. Chacune de ces prouesses architecturales était au départ voulue comme éphémère, vouée à être détruite pour laisser la place à d'autres. Le temps a fait son effet et aujourd'hui, qu'est-ce qui symbolise mieux la capitale que cette tour en fer et en acier signée des ateliers d'ingénieries Eiffel ?

L'exposition qu'accueille la Conciergerie jusqu'à ce dimanche 26 avril 2009, et qui a déjà été prolongée une fois forte de son succès, revient sur la genèse de cette habitude européenne. En effet, les expositions universelles résultent de la concurrence entre Paris et Londres dans la première moitié du 19ème siècle. L'Angleterre, berceau de la révolution industrielle, propose des expositions internationales dédiées à l'industrie. Paris la rattrape rapidement et y ajoute le symbole des Beaux-Arts. Dès lors est lancée cette tradition dont la prouesse architecturale est le noyau dur, à savoir en 1851, à Londres : le Crystal Palace, tout de verre et de métal. La tendance sera désormais à l'innovation et à la fantaisie, dans des oeuvres toujours colossales.

Des films et une reconstitution 3D

Pascal Ory dans son introduction à l'exposition, évoque exactement huit fonctions aux Expos. Exhibition technologique, foire commerciale, salon des beaux-arts, exposition d'architecture, plan d'urbanisme, Garden Party du gouvernement, société des nations et fête populaire. Il est vrai que ces évènements laissent chaque fois des marques indélébiles, que ce soit dans la société ("elles ont introduit les masses modernes à la découverte de l'Autre, entre deux guerres ou entre deux crises, elles les auront fait rêver", écrit-il) ou le paysage urbain.

C'est ainsi que les gares de Saint-Lazare et de Lyon ont été reconstruites pour l'occasion et que les gares d'Orsay et des Invalides ont été aménagées pour endiguer le flot de millions de visiteurs venu découvrir les dernières innovations de l'industrie et de l'art, tout comme le premier métro, lui aussi construit pour l'Expo en 1900. Sans oublier les nombreuses œuvres citées plus haut....

De l'expo sur les Expos, on regrettera l'absence de maquettes. Mais l'archive photographique rattrape cette carence, accompagnée de textes à la fois complets et concis. Pour les Expos plus récentes, des films en noir et blanc (des frères Lumière notamment) permettent de se faire une idée du phénomène et celle de 1900 est même en partie proposée en reconstitution 3D. Et rien que pour les magnifiques ogives de la Conciergerie (voire pour le cachot de Marie-Antoinette), la visite vaut certainement le coup !

Paris et les expositions universelles
La Conciergerie | boulevard du Palais | Paris 1er
M: Cité ou Châtelet | Tlj jusqu'à 20h | entrée : 6€

Laurent Perrin