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Innovation : un jeune architecte crée un bois plus résistant et esthétique

Publié le 22 avril 2016

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Élu innovateur de l'année par le MIT Technology Review, Timothée Boitouzet tient peut-être dans ses mains la révolution de demain en termes de construction bois. Grâce à un procédé innovant, il est capable de proposer un matériau esthétique, trois fois plus résistant, et à un coût bien inférieur au bois d’œuvre actuel. Zoom sur ce jeune entrepreneur, créateur de la start-up Woodoo.
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Timothée Boitouzet vient peut-être de développer le bois du futur, capable de révolutionner les modes constructifs de demain. Ce jeune homme de 29 ans - architecte formé tout d'abord à l'école d'architecture de Versailles - a développé une véritable « passion pour le travail de la matérialité, l'intégration de la lumière et l'attention aux détails », à l'Institut de technologie de Kyoto au Japon où il a passé deux ans.

Souhaitant aller plus loin dans ses recherches, le jeune homme s'inscrit donc à Harvard, une fac américaine qui dispose de « moyens considérables, dans un cadre qui encourage beaucoup la recherche transdisciplinaire ».

Une fois intégré à l'école d'architecture, il décide de « poursuivre son travail d'architecte, sous microscope », en se rapprochant du département OEB d'Harvard (Department of Organismic and Evolutionary Biology). Il collabore également avec le Wyss Institute et le MIT (Massachusetts Institute of Technology).

« J'ai appliqué les connaissances que j'avais en architecture à la matière, en m'intéressant au bois », explique Timothée Boitouzet. Après plusieurs expérimentations, il décide de retirer la lignine du bois (composé de 60 à 90 % d'air) et de la remplacer par une matrice de monomère biosourcé qui polymérise in situ, à l'intérieur de la structure.

Imputrescible et translucide

« Nous reconstruisons ainsi tout le matériau à l'échelle moléculaire. Le bois devient alors imputrescible, plus résistant face aux intempéries et au feu car sa masse volumique est plus dense. Les capacités mécaniques du matériau sont aussi décuplées. Il est deux à trois fois plus performant en compression et en flexion que le bois traditionnel », assure l'architecte.

D'un point de vue esthétique, ce bois nouvelle génération ne grise pas : « un problème que l'on retrouve dans les bois classiques et qui freine souvent le développement de ce matériau en façade ».

« Translucide, il permet de jouer avec la lumière tout en dévoilant le grain du bois », précise l'architecte qui a déposé un brevet et fondé sa start-up baptisée Woodoo en décembre 2015.

L'entrepreneur ambitionne déjà de « remplacer totalement le bois dans l'industrie de la construction, parce que ce nouveau matériau est plus performant et économique que du bois d’œuvre », et son business model est bien ficelé.

En plus d'utiliser un bois de mauvaise constitution peu cher (peuplier, balsa, pin des landes) qu'il va transformer en « super-bois », il envisage de revendre la lignine à des industriels pour la revaloriser en énergie verte par méthanisation, fibres de carbone biosourcées ou médicaments....

Deux à trois fois moins cher que du bois d'oeuvre classique

Avec des coûts de production réduit, il peut ainsi proposer un bois « deux à trois fois moins cher », que le bois d’œuvre actuel.

Pas étonnant que ce jeune prodige ait déjà reçu la reconnaissance de ses pairs. Élu innovateur de l'année par le MIT Technology Review, il maîtrise pour les cinq années à venir toutes les étapes de développement de sa start-up, qui compte actuellement trois salariés et qui va recruter deux chimistes supplémentaires cette année. 

Un premier produit sera développé en crowdfunding avant la fin de l'année sur le marché du meuble, du design et de l'architecture d'intérieur, en partenariat avec un designer connu (dont le nom est tenu secret, ndlr.).

« D'ici deux ans, nous développerons un produit qui s'appliquera au second œuvre dans la construction avec des éléments de façade, toiture et plancher. Et, à terme, dans 5 ans, nous nous attaquerons aux éléments d'ossature bois », précise l'architecte qui envisage aussi de travailler de la même façon d'autres matériaux pour la construction.

« C'est le projet de ma vie », conclut Timothée Boitouzet, avant de lancer un dernier message à toute la profession : « l'architecte a un rôle social, il doit travailler à l'amélioration des conditions de vie et amener des révolutions au niveau du logement. J'aimerais que les architectes s'engagent plus sur ce terrain, et pas seulement d'un point de vue esthétique. La jeune génération doit combiner l'architecture avec d'autres domaines, c'est ça qui fera l'architecture de demain »

Claire Thibault
© Woodoo

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