Artisanat du bâtiment : un bilan au T3 2025 frappé par l'instabilité politique
Publié le 06 novembre 2025, mis à jour le 06 novembre 2025 à 16h00, par Raphaël Barrou

« Les chiffres ne sont toujours pas positifs ». Le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), Jean-Christophe Repon, donne le ton dès l'ouverture de la conférence de presse du syndicat. Au troisième trimestre 2025, l'activité de l’artisanat du bâtiment a baissé de 3,5 %. Une baisse certes ralentie, mais que la CAPEB interprète comme la conséquence en partie de l'instabilité politique.
« Ce qui est dramatique, c'est qu'on continue cette descente depuis près de 2 ans », poursuit Jean-Christophe Repon. Le syndicat prédit une prolongation de la tendance sur le reste de l’année 2025. Dans le détail, la construction neuve semble plomber l'activité du secteur (-6 %).
Mais, pour Sylvie Montout, directrice économique de l’organisation syndicale, le declin d'activité constaté sur la rénovation (-1,5 %) et l’entretien-rénovation (-1,5 %) sont encore plus préoccupantes : « C'est ce qui nous alerte le plus, parce qu'il est censé y avoir des objectifs à atteindre. »
Pour la CAPEB, le recul de l'activité concerne toutes les régions, avec des disparités entre le Centre-Val de Loire (-5,5 %), la région la plus en difficulté, et les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse (-2 %), qui s'en sortent mieux.
L'artisanat « sinistré » avec 40 000 emplois supprimés en deux ans
Au niveau de l'emploi, Monsieur Repon considère que l'artisanat est « sinistré » et estime que près de 40 000 emplois ont été supprimés sur les années 2024 et 2025. « Alors que logiquement, on a un plan Marshall de la rénovation énergétique. Moi, je parle de plan social », commente-t-il, annonçant par la même occasion qu'une consultation notamment sur MaPrimeRénov' avait été lancée auprès des adhérents à la CAPEB.
« La part d'entreprises qui envisagent de licencier ou de ne pas renouveler des contrats envisagés est supérieure à la part d'entreprises qui déclarent vouloir embaucher », ajoute Romane Charpentier, économiste au sein de la CAPEB. « On sait malheureusement que l'emploi va continuer de reculer jusqu'à la fin 2025. »

Une conjoncture qui semble pénaliser tout particulièrement les apprentis.« On laisse des jeunes sur le carreau en ne leur permettant pas de trouver un apprentissage, alors que ce sont les repreneurs de demain », déplore le président du syndicat. Jean-Christophe Repon ironise sur la nécessité d'aider les grands groupes à prendre des apprentis. « On demande plutôt d’accompagner les entreprises de moins de 50 salariés. »
Les carnets de commande à la hausse pour la première fois depuis début 2022
En revanche, les autorisations (+7 %) et mises en chantier (+3,1 %) connaissent un rebond, ce qui est « un signal positif », selon Romane Charpentier. Mais la baisse de mises en chantier de logements individuels purs (-7 %) ne permet pas de bénéficier réellement aux artisans.
La CAPEB pointe aussi la hausse du taux d'épargne chez les ménages. Madame Charpentier avance qu'avec 18,9 %, celui-ci est à « son niveau le plus haut depuis 1970 à l'exception de la période de pandémie ».
Pourtant, dans ce tableau bien terne, les carnets de commande repartent à la hausse pour la première fois depuis début 2022. Avec 74 jours de travail à venir, soit six de plus qu'au T2, cette moyenne est de retour à son niveau du T1 2024. Insuffisant selon la CAPEB pour confirmer une réelle amélioration de la conjoncture.
Par Raphaël Barrou














