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Déploiement du BIM en France : « encore beaucoup de progression à faire » pour Emmanuel Di Giacomo

Publié le 20 juin 2017

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Longtemps en retard sur le BIM, la France tente aujourd’hui d’inverser la tendance, avec un marché en pleine expansion qui témoigne de l’intérêt porté par les acteurs du BTP à cette technologie innovante. Spécialiste du sujet, Autodesk développe de nombreuses solutions visant à accompagner la transition numérique du bâtiment. Le point, en exclusivité, avec Emmanuel Di Giacomo, responsable du développement des écosystèmes BIM en Europe pour Autodesk.
Déploiement du BIM en France : « encore beaucoup de progression à faire » pour Emmanuel Di Giacomo - Batiweb

Concrètement, quels sont les intérêts de se mettre au BIM ?

Emmanuel Di Giacomo : Le BIM est un processus collaboratif pluridisciplinaire qui permet de gérer le cycle de vie complet d’un bâtiment, depuis les esquisses en passant par la conception du projet et sa construction, ainsi que sa gestion et sa maintenance. Au-delà de l’aspect collaboratif, le BIM vient optimiser les temps de production et de construction du bâtiment, parfois même diminuer le temps de conception d’un projet. Il offre également la possibilité d’optimiser tout ce qui touche aux quantités nécessaires au projet. D’autre part, il permet de mieux communiquer, et notamment vis-à-vis des équipes et du client final. Cet aspect est d’autant plus intéressant que nous voyons de plus en plus de projets conçus à distance. On gagne énormément en termes de qualité de construction.

Où en est le marché français aujourd’hui ?

E. D. G. : Le marché français présente toujours un gros potentiel de développement. Si l’on regarde les chiffres du PTNB (Plan transition numérique dans le bâtiment) publiés l’été dernier et en ce début d’année, on observe une progression de 10 à 15%. Globalement, on peut dire que le taux d’adoption du BIM en France est aux alentours de 35%. Il y a encore beaucoup de progression à faire. Dans le détail, les majors sont déjà en train d’effectuer cette transition, avec un taux de « bimisation » autour des 50 à 60%. De nouvelles tendances viennent également influencer leurs manières de produire, à l’instar des drones ou de l’impression 3D. En revanche, les architectes restent les populations les plus en retard, avec les TPE-PME du BTP et les petits bureaux d’études techniques. Le marché français est le troisième plus fragmenté au niveau international, derrière les Etats-Unis et la Chine, ce qui rend le développement du BIM plus compliqué. À l’inverse, les Britanniques sont particulièrement avancés sur ce sujet, notamment grâce au soutien du gouvernement.

Comment expliquer le retard de la France vis-à-vis du BIM ?

E. D. G. : Je pense qu’il est lié à de nombreux paramètres. Culturellement, les Français se posent toujours beaucoup de questions, et notamment sur les aspects juridiques, la formation, les coûts, etc. Contrairement au reste du monde, la France est le seul pays où le gouvernement a décidé de ne pas imposer le BIM. À l’heure actuelle, tous nos voisins obligent l’utilisation de la maquette numérique dans la conception des bâtiments. D’autres facteurs peuvent expliquer le retard de la France, dont le système éducatif, notamment sur les écoles d’architectes et d’ingénieurs : l’enseignement du BIM n’est pas obligatoire, sauf dans les filières Bac professionnel et STI. La France n’est pas non plus dernière de la classe, et de nombreux acteurs de bonne volonté font en sorte que le marché bouge.

D’après vous, la digitalisation du BTP a-t-elle été impulsée par l’apparition du BIM ?

E. D. G. : Je pense que le BIM était une suite logique. Finalement, quand on regarde la première étape de la digitalisation du secteur, ça a été l’avènement du PC dans les années 80. Cela a permis de démocratiser l’accès au numérique, et notamment à AutoCAD [logiciel de dessin assisté par ordinateur, ndlr]. La deuxième étape-clé de la digitalisation a été « l’ère du BIM », qui a débuté il y a une dizaine d’années et a poussé les gens à aller plus loin dans leur approche du numérique. Les technologies mobiles ont également été un véritable bouleversement, qui poussent notamment les petites entreprises à s’y mettre.

Quelles sont les solutions proposées par Autodesk ?

E. D. G. : Il y a évidemment Revit, grâce auquel il est possible de modéliser des bâtiments en 3D. Parmi les visionneuses, nous avons également un outil appelé Navisworks, assez réputé dans le monde entier. Il permet d’importer des maquettes, avec la spécificité de pouvoir ouvrir plus de cinquante formats de fichiers différents. Il est aussi possible de faire de la 4D, avec un facteur de temps, ou de la 5D, en incluant les quantités. D’autre part, Autodesk développe des produits dédiés à la capture de réalité, comme la famille Recap. Vous avez ensuite des outils pour tout ce qui relève des calculs de la structure, à l’instar de Robot Structural Analysis. 3D Studio Max permet également d’obtenir des rendus 3D de très haute qualité. On a ensuite des solutions spécifiques réservées aux structures métalliques et béton, à savoir Advance Steel.

D’après vous, à quoi ressemblera le BIM de demain ?

E. D. G. : Le BIM de demain commence déjà à apparaître, notamment avec ce qu’on appelle le « BIM connecté », qui mêlera les fonctionnalités de la maquette 3D à la puissance du cloud. On pourra demander à des serveurs déportés de calculer 15 000 hypothèses pour un même bâtiment, pour qu’il soit le plus beau, le plus solide, et que l’on puisse choisir entre une multitude de versions possibles. On pourra s’immerger dans son projet avant qu’il ne soit construit, et ce, de manière hyper-réaliste. Ce sont des tendances que l’on voit déjà apparaître.

Propos recueillis par Fabien Carré
Photo de Une : ©FC

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