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E-commerce et artisans : quelles sont vos relations avec les négoces ?

Publié le 31 mars 2014

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Le développement des plateformes d'e-commerce couplé à l'utilisation de plus en plus fréquente des nouvelles technologies sur les chantiers de construction risquent de faire évoluer les relations entre les professionnels du bâtiment et les négoces. David Morales, artisan plaquiste de 57 ans, nous donne son avis sur la question.
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Quelles sont vos pratiques d'achat en matériaux de construction ?


J'utilise le parcours traditionnel, c'est-à-dire que je me fournis auprès de 4-5 négoces qui se situent dans un rayon de 8 km, à 10 minutes de chez moi. Bien sûr, toutes les marques ne sont pas représentées mais on connaît bien les gens avec qui on traite, on obtient facilement les informations sur le produit et les disponibilités. Tout ce que je peux faire de vive voix, je le fais de vive voix. Les échanges se font souvent au téléphone et de plus en plus par mail. Après, il m'arrive parfois de regarder l'état de leur stock sur leur site internet ou sur leur application mobile quand ils en ont une.

C'est d'ailleurs très pratique, mais c'est seulement quand je ne peux pas appeler mon négoce parce qu'il est trop tard et que l'agence est fermée. Je viens ensuite récupérer ma commande directement chez le négoce sauf si elle est difficilement maniable, si les quantités sont trop importantes ou si le chantier est difficile d'accès. A ce moment-là, je me fais livrer.

Que pensez-vous des plateformes de vente en ligne des négoces pour le BTP ?

Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de me servir de ces plateformes pour acheter des matériaux, même si je les connais. Je me sers du suivi des commandes, mais de là à commander directement sur leur site, il y a un pas. Un pas que je n'ai pas encore franchi. Vous savez, les changements d'habitude sont la première cause de stress au travail. J'ai préféré conserver les miennes. Bien sûr, si ces plateformes nous font vraiment gagner du temps et de l'argent, on serait sans doute séduit. Pour moi, c'est aussi une question de génération. Les jeunes ne se posent même plus la question de comment et où acheter. Ils vont sur Internet avec le téléphone, la tablette... bientôt les lunettes. Pour ma part, j'ai d'autres activités à développer en priorité.

Ce qui m'intéresse plus aujourd'hui c'est de développer mes activités sur le web, c'est-à-dire d’améliorer mon site Internet pour plus de visibilité dans un premier temps. L'idée est par la suite la mise en relation avec les particuliers, c'est-à-dire proposer mes services directement. En tant qu'artisan, c'est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup car il y a des millions de choses à faire.

Selon vous, que manque-t-il aux plateformes d'e-commerce pour attirer la clientèle ?

Pour moi, les plateformes actuelles ne font que reprendre ce qui se fait déjà dans les agences, sous une forme dématérialisée. Dans une agence, on peut profiter de la quinzaine du négoce, on est régulièrement sollicité pour acheter... Sur une plateforme, que font-ils de plus ? Disons que les négoces en ligne en sont encore aux balbutiements et que les premiers vont devoir essuyer les plâtres... Il faut qu'ils apportent des propositions originales et qu'ils soient inventifs, en éditant par exemple une carte de fidélité, en offrant systématiquement la livraison comme cela se fait déjà sur les sites d'e-commerce dans d'autres secteurs, ou encore créer un Google des matériaux de construction ! Mais il faut aussi laisser du temps au temps, pour changer les habitudes, bien que le mouvement vers la dématérialisation soit inéluctable.

Serez-vous un jour séduit par ce mode d'achat ?

Je pense que cela me permettrait de gagner du temps et de mieux m'organiser. Mais encore faut-il pouvoir planifier les besoins d'un chantier en amont et prendre suffisamment de recul sur les propositions d'achat. En fait, il risque quand même de me manquer quelque chose. Je ne me vois pas acheter chez un négoce que je ne connais pas, sans discuter avec une personne réelle en face à face. Il faudrait trouver un savant mélange entre l'humain et les machines. Je n'emploierai donc pas ce mode d'achat systématiquement. L'autre problème, c'est que dans le monde des négoces et des artisans, si on ne vous voit plus, on n'existe plus et on ne s'intéresse plus à vous. C'est un risque. Tout reste donc à inventer pour avoir des vraies nouveautés à l'écran.

Propos recueillis par Claire Thibault
© goodluz - Fotolia.com

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