UE : la France réclame que le nucléaire soit traité à part égale avec les EnR

En octobre 2023, l’adoption de la directive européenne sur les énergies renouvelables fixait un objectif de 42,5 % de renouvelables dans la consommation énergétique de l’Union européenne d’ici 2030.
Or, si la Commission européenne souhaite réhausser cet objectif d’ici 2040, la France prévient qu’il faudra une adoption à l’unanimité.
En effet, en tant que pays européen le plus « nucléarisé » avec 56 réacteurs pour 68 millions d’habitants, l’Hexagone souhaite d’abord faire reconnaître le nucléaire comme énergie décarbonée au même titre que les EnR et réclame l’adoption d’une directive en ce sens.
Un bras de fer avec la Commission européenne
Depuis plusieurs années, la France – qui n’a pas respecté ses objectifs de développement des EnR – mène un bras de fer avec Bruxelles pour faire reconnaître son mix énergétique.
Fin avril, les autorités françaises ont ainsi envoyé une liste de conditions qu’elles veulent voir respectées avant de se prononcer sur l'objectif de la Commission de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'UE de 90 % en 2040 par rapport à 1990.
Selon les conditions de la France, « l'objectif 2040 doit s'accompagner d'un objectif de réduction de l'intensité carbone de l'énergie finale consommée en lieu et place d'un objectif EnR européen ».
« Seule la proposition d'une directive énergie décarbonée, ayant vocation à se substituer à la directive sur les énergies renouvelables et à toute nouvelle proposition d'objectif EnR européen, permettrait de garantir l'atteinte de nos objectifs climatiques ambitieux pour 2040 », estime-t-elle.
La « neutralité technologique », prévue dans les traités européens et qui implique de ne pas privilégier une technologie sur une autre, est une « condition sine qua non du rehaussement de notre ambition climatique », ajoute le gouvernement français.
Si le pays est à la tête d’une « alliance européenne du nucléaire » avec une douzaine d’autres États, d’autres pays – dont l’Allemagne – expriment leurs réticences.
Par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock