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Le plâtre, matériau recyclable à l'infini

Publié le 17 mars 2014

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Le plâtre, issu de la transformation du gypse, présente l'avantage d'être recyclable à l'infini. Les déchets, collectés sur les chantiers de construction, sont revalorisés chez les différents producteurs de plâtre puis incorporés dans le circuit traditionnel. Une logique qui répond à un impératif économique et environnemental.
Le plâtre, matériau recyclable à l'infini  - Batiweb

Sur le chantier de Siniat du centre hospitalier Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois, les ouvriers travaillent avec différents types de plaques de plâtre : résistantes au feu, dédiées à l'isolation acoustique ou encore résistantes à l'humidité. Leur point commun est leur capacité de recyclage, à l'infini.

En France, on estime que 50 000 tonnes de déchets de plâtre provenant des chantiers de construction en neuf ou en rénovation ou de chantiers de déconstruction ont été recyclés en 2012, soit seulement 15 % de ce qu'il est possible de recycler (350 000 tonnes).

Cependant, depuis 2008, date de la signature de la Charte de gestion des déchets de plâtre, le tonnage de déchets externes recyclés a été multipliés par 5, ce qui témoigne d'une véritable volonté de la filière d'organiser la collecte et le recyclage de ce matériau.

Le circuit du recyclage

Concrètement, les ouvriers placent les déchets de production dans des bennes spéciales, mises à disposition sur le chantier par l'une des 140 entreprises de collectes partenaires. Ces bennes sont ensuite acheminées vers des ateliers de recyclage où les plaques sont triées selon le type d'additifs qu'elles contiennent, comme c'est le cas pour le tri du verre blanc et du verre vert.


Sur le seul site de production de Vaujours, usine historique de Placoplatre, ce recyclage représente environ trois livraisons de camions par jours. Plus de 40 000 tonnes de déchets internes et de 10 000 à 15 000 tonnes de déchets externes sont traités sur les trois sites de Placoplatre : Vaujours (93), Cognac (16) et Chambéry (73), ce qui représente environ 80 % des déchets de plâtre collectés en France.

Une fois triées, les plaques peuvent être réintroduites dans le circuit de production du plâtre en usine après un premier broyage. « Nous séparons le plâtre du carton avant de le remettre dans le process. Le carton est envoyé en papeterie pour être recyclé. Les résidus sur les plaques de plâtres sont éliminés par tamisage et soufflage. Les morceaux restants sont éliminés lors de la cuisson », explique un responsable à l'usine de transformation Placoplatre de Vaujours. Le plâtre recyclé compte ainsi pour 20 % à 25 % dans la formulation de la plaque finale chez Placoplâtre. Chez Siniat (anciennement Lafarge Plâtres), jusqu'à 15 % de déchets sont intégrés dans le circuit de fabrication, un pourcentage qui devrait augmenter car l'entreprise se fixe pour objectif d'atteindre les 30% d'intégration des déchets dans le processus de fabrication d'ici 2016. Pour cela, Siniat essaie de « réduire les déchets à la source », selon Louis Lucas, directeur marketing et stratégie, avec un calepinage précis, la formation des poseurs, l'utilisation de solutions sur mesure et la réutilisation des chutes lorsque cela est possible.

Intérêts économiques et environnementaux

Selon les chiffres du syndicat professionnel des Industries du plâtre, la filière génère un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros. « Aujourd'hui, il est moins cher pour un artisan de confier ses déchets à un collecteur plutôt que de les mettre à la déchetterie. Sans compter que le plâtre recyclé coûte moins cher. La filière est donc rentable et nous créons de la valeur environnementale, » déclare t-on chez Placoplâtre, qui souhaite doubler le recyclage pour atteindre les 100 000 tonnes recyclées à l'horizon 2020.

Cette volonté de recycler de plus en plus de plaques répond aussi à une problématique environnementale forte, de gestion de la matière première. En effet, environ 5 millions de tonnes de gypse sont extraites chaque année en France à destination des industries du plâtre (80 %), des cimenteries (15%) et d'autres industries diverses (5%) pour les engrais, le verre et la chimie. En France, 295 millions de m2 de plaques de plâtre sont produits par an mais les réserves de gypses s'épuisent. 54 % de la production nationale est concentrée en Île-de-France, une région qui détient à elle seule la moitié des carrières de France et 11 usines sur 20.

Zoom sur la réhabilitation des carrières


L'exploitation d'une carrière se fait sur 30 ans en moyenne. Avant de creuser, une étude d'impact environnemental est réalisée pour pouvoir planifier ensuite le plan de réhabilitation. L'exploitation se fait en trois phases qui avancent simultanément : la préparation du terrain, l'exploitation propre et la remise en état. Une fois exploitée, la carrière est à nouveau comblée en respectant les différentes strates historiques du sol (sans le gypse) et en y ajoutant si nécessaire de la terre en provenance des chantiers de construction. Puis, en fonction du cahier des charges, la société exploitante redonne vie à cet espace en y créant un site naturel, des espaces boisés ou agricoles, un parc ou encore un plan d'eau. Le site est ensuite rendu à son propriétaire initial. En Île-de-France, près de 114 hectares ont ainsi été rétrocédées aux collectivités territoriales depuis 10 ans, avec 90 000 arbres replantés.

Claire Thibault

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