Les étrangers auront le droit d'acheter des terrains en Bulgarie
Un amendement dans ce sens à la première constitution post-communiste a été voté sur demande de Bruxelles, alors qu'un nombre croissant d'étrangers, notamment des Britanniques ont déjà contourné la législation pour profiter des prix bas de la propriété.
"La législation ne pouvait de fait empêcher personne d'acheter des terrains", a confirmé à l'AFP Paul Kornreich, un Américain ayant créé une entreprise de propriété immobilière à Sofia.
La presse bulgare a fait état d'un accroissement du nombre d'étrangers, notamment Britanniques, achetant des maisons en Bulgarie dans l'espoir d'une hausse des prix après l'adhésion à l'Union européenne en 2007. Le journal Monitor a annoncé cette semaine qu'une cinquantaine de Britanniques avaient enregistré des compagnies à Veliko Tarnovo, centre, pour acheter une maison dans la région.
"Vendre la terre aux étrangers? Mais ils en ont déjà", avait commenté le quotidien Sega. "Pendant que nos députés s'interrogent et discutent des amendements à la constitution, il restera peu de terre à vendre", estimait ce journal de gauche.
Une période de grâce de sept ans pour les achats de terrains est désormais prévue pour les étrangers qui ne sont pas résidents permanents au moment de la transaction, une clause qui satisfait l'opposition socialiste (PSB, ex-communiste).
"Même si mon entreprise en profite, je suis catégoriquement opposée aux ventes de terrains aux étrangers aujourd'hui à des prix ridiculement bas", a estimé Nadia Zafirova, directrice d'une compagnie de propriété immobilière à Sofia.
"Les terrains sont achetés d'habitude pour construire des hôtels, des centres commerciaux ou d'affaires. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui veuille acheter de la terre pour la travailler", a expliqué Paul Kornreich. Le parti socialiste avait insisté lors des débats au parlement pour que seuls les ressortissants de l'UE puissent acheter des terrains et uniquement à des fins agricoles. Cette proposition a été rejetée. Un sondage de l'institut MBMD en novembre a montré que 65% des Bulgares s'opposent à la vente de terres à des étrangers venus de pays non-membres de l'UE.
Un préjugé existe, notamment au sein de la vieille génération, contre l'achat de terres par des Turcs dans les régions à forte minorité musulmane du sud du pays: selon la propagande de l'époque communiste, la Turquie qui avait dominé la Bulgarie pendant cinq siècles jusqu'à 1878, voulait annexer des territoires bulgares.
"Attendez de voir si dans dix ans les Turcs bulgares ne demanderont pas une autonomie", a déclaré Ivan Ivanov, un retraité de Sofia.