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La démarche HQE ou comment intégrer l'environnement dans la logique des acteurs

Publié le 04 octobre 2006

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La démarche HQE a pour but de guider les maîtres d’ouvrage et leurs partenaires dans une approche environnementale. C’est une démarche totalement volontaire pour intégrer l’environnement dans la logique des acteurs du bâtiment, et surtout pas une « couche » d’environnement imposée en plus de toutes les contraintes habituelles.L’objet est de créer ou réhabiliter des bâtiments dans un souci appuyé d’environnement, à la fois pour leurs usagers et pour la collectivité. Un « bâtiment HQE » est avant tout un bâtiment qui répond à une attente : un logement où les habitants sont en bonne santé, se sentent bien et paient des charges modérées ; une école où les élèves et les enseignants trouvent de bonnes ambiances de travail, température (confort d’hiver et d’été), éclairage, acoustique, une bonne qualité de l’air ; ou encore un bureau ou un commerce agréable où les personnels comme les autres usagers sont heureux de se rendre.
Les Français interrogés en février 2005 par l’institut IPSOS confirment cette double approche : « Environnement et confort en tête des attentes » : pour 42%, « le respect de l’environnement est le critère le plus important dans l’achat d’un logement neuf », tandis que « le confort est une notion essentielle dans l’achat d’un logement pour 41% des personnes interrogées ».

Un mouvement de progrès pour faire face à des exigences nouvelles

Répondre à toutes ces demandes n’est pas chose nouvelle. De nombreux bâtiments anciens répondent à ce cahier des charges, mais le monde change : les usagers sont plus exigeants pour leur confort, ils souhaitent de meilleures garanties pour leur santé, tandis que les ressources naturelles et notamment énergétiques se raréfient, que leur coût augmente, que les rejets dans l’eau, l’air et les sols posent des problèmes locaux ou planétaires. Offrir un cadre de vie toujours plus sûr et agréable, tout en pesant le moins possible sur l’environnement, tel est l’enjeu.

Pour y répondre dans de bonnes conditions économiques, de nombreux professionnels se mobilisent, des techniques et des matériaux nouveaux sont mis au point, un vaste mouvement de progrès se met en marche. Cela est vrai dans tous les pays industrialisés, où différentes méthodes sont proposées aux acteurs du bâtiment, au-delà de la réglementation qui se durcit régulièrement. En France, après les approches sectorielles, partant notamment de l’énergie ou des matériaux, la démarche HQE traduit cette nouvelle donne : réaliser des bâtiments sains et confortables dont les impacts sur l’environnement soient les plus maîtrisés possibles.

HQE, un langage commun

Pour construire un bâtiment, pour le réhabiliter ou le rendre plus performant et plus agréable, de nombreux acteurs doivent se coordonner. Tout d’abord le propriétaire, commanditaire des travaux, que l’on appelle le « maître d’ouvrage ». Il doit savoir précisément à quel besoin le bâtiment répond, les attentes de ceux qui y vivront ou y travailleront, les conditions de son futur entretien et de son exploitation. Il peut se faire aider de conseils et de programmistes, mais la responsabilité du projet lui appartient. Il va faire appel à des concepteurs, architectes, bureaux d’études et économistes, qui constituent la « maîtrise d’œuvre », et qui vont lui proposer un projet qui sera réalisé sous leur contrôle par des entreprises, avec tous les corps d’état nécessaires. Il y a aussi les banquiers et les assureurs qui ont leurs exigences et se rassurent quand des contrôleurs techniques suivent le chantier, il y a la ville qui impose un règlement d’urbanisme, etc. Et ce n’est pas tout : l’histoire du bâtiment ne s’arrête pas le jour de sa livraison, elle ne fait que commencer. C’est chaque jour qu’il doit répondre aux besoins de ses occupants ; chaque jour il consomme et rejette des ressources et fait appel à des services de chauffage, de gardiennage, de nettoyage, d’enlèvement des ordures, etc. Tous ces acteurs, qui vont créer et faire vivre le bâtiment doivent coopérer : dès l’élaboration du « programme », il est bon de connaître les besoins de ceux qui entretiendront plus tard le bâtiment, et inversement les futurs exploitants doivent s’inscrire dans le projet imaginé par l’architecte. Celui-ci ne peut optimiser son projet sans des échanges permanents avec les bureaux d’études et les économistes, qui réagiront aux esquisses, les traduiront en performances environnementales, en consommations, en coûts de travaux et de fonctionnement.

La « haute qualité environnementale » est avant tout le langage commun de tous ces acteurs, qui doivent s’accorder sur le meilleur projet possible dans un contexte donné. Tout le monde est d’accord pour être « bon pour l’environnement », mais l’un y verra surtout les matériaux, un autre les économies d’énergie et la lutte contre le réchauffement climatique, un troisième le paysage ou la qualité de la lumière, etc. Il faut donc se mettre d’accord sur un vocabulaire, qui permette de parler des mêmes choses, de se mettre d'accord de manière claire et sans ambiguïtés sur les objectifs à atteindre et les moyens d’y parvenir. L'association HQE a ainsi mis sur pied un « référentiel », qui permet de structurer la description de l’environnement pour un bâtiment. C’est le langage commun de la démarche HQE, les « 14 cibles ».

Santé, confort

La qualité de vie des occupants est décrite à partir de sept cibles, de santé et de confort, avec un continuum que l’on comprend aisément : l’absence de confort d’été peut devenir un problème de santé publique, le bruit peut passer du stade de la gêne à celui de la dépression… On trouve ainsi au titre de la santé la qualité sanitaire des espaces, de l’air et de l’eau, associée à quatre approches du confort, « hygrothermique », alliant température ressentie et degré d’humidité, visuel (accès à la lumière naturelle, qualité de l’éclairage, vues), acoustique (ambiances sonores, lutte contre le bruit) et olfactif (lutte contre les mauvaises odeurs, recherche d’aménités).

L’environnement pour la collectivité

Les enjeux sont multiples, des prélèvements de ressources naturelles aux pollutions locales et globales, à l’écoulement des eaux pluviales à la diversité biologique au paysage et aux ordures ménagères. La démarche HQE divise ces enjeux selon la phase de vie du bâtiment : la phase active, de travaux, pour construire, aménager et transformer, et finalement détruire le bâtiment ; et la phase de vie courante, d’exploitation, et donc de consommation de ressources et de rejets.

La première famille de « cibles » s’appelle « écoconception ». Tout d'abord, une bonne implantation, une bonne valorisation du potentiel d'un site ; ensuite un choix judicieux de procédés de construction et de produits (la technique retenue devra permettre notamment l’adaptabilité du bâtiment à des besoins qui évolueront inévitablement) ; et enfin le chantier, qui doit être « à faibles nuisances ». Quant au fonctionnement courant, il doit être économe. La conception du bâtiment doit lui permettre d’être performant pour l’énergie et l’eau. Ses déchets doivent être faciles à trier et valoriser ; et enfin, le bâtiment doit être de maintenance et d’exploitation facile.

La HQE, pour capitaliser les progrès

La capacité à évoluer, à s’enrichir de la pratique, est un des points forts de la démarche HQE, pour ne pas dire sa qualité première. Il serait bien présomptueux d’affirmer avoir répondu à la question très générale de l’intégration de l’environnement dans un bâtiment, en considérant son cycle de vie, et avec les souhaits de ses occupants, eux-mêmes en constante évolution. C’est une formule ouverte qui est nécessaire, qui puisse capitaliser et progresser. C’est la force de la grille des « 14 cibles » d’offrir aussi le cadre de l’analyse de ces retours d’expérience, cadre fédérateur des initiatives prises par l’ensemble des acteurs. Il y a bien sûr bien d’autres manières de « faire de l’environnement » sur un bâtiment, mais si chacun le fait à sa manière, il sera bien difficile de progresser ensemble. L’existence d’une formule gérée en commun par les principales familles d’acteurs, et qui, malgré les débats qu’elle suscite, rencontre un minimum d’agrément, est un atout qu’il convient de valoriser. La HQE est une dynamique collective.

Des objectifs liés entre eux

14 cibles au total, 7 pour l’environnement et le confort des occupants , et 7 pour l’environnement en général. Des cibles qui se recoupent souvent : le choix des matériaux contient un volet énergie, n’est pas neutre pour le nettoyage et l’entretien, peut avoir un impact sur l’acoustique et l’hygiène du milieu. L’énergie est présente dans les économies de fonctionnement, dans les choix d’implantation (orientation, compacité du bâtiment), l’éclairage, la qualité de l’air, l’acoustique, etc. Ces cibles vont parfois bien ensemble, mais encore faut-il y penser. L’isolation thermique peut être bénéfique pour l’acoustique, mais ce n’est pas toujours le cas, cela dépend des techniques retenues. Parfois, les objectifs visés sont antagonistes : renouvellement d'air et économies d’énergie par exemple. C’est à la maîtrise d’œuvre de proposer des solutions qui peuvent tenir de la performance technique (comme des vitrages très peu émissifs), ou de l'organisation des espaces et de la conception d’ensemble. Il y a parfois des arbitrages à réaliser , en fonction de priorités que le maître d’ouvrage aura définies.

La démarche HQE met en évidence les choix à faire, et propose une méthode de gestion des projets pour que ces choix raisonnés soient faits dans les meilleures conditions possibles : c’est le management de projet.

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