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Les céréaliers US font main basse sur le cœur de Lyon

Publié le 06 septembre 2004

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A Lyon, quand les locataires des immeubles de la presqu’île feront une vinaigrette, ils auront une pensée pour leur propriétaire. Le céréalier américain Cargill, leader de la production d'huiles alimentaires, vient en effet de signer avec la mairie l’achat record des immeubles résidentiels tout un quartier de la ville.
Les céréaliers US font main basse sur le cœur de Lyon - Batiweb
Cargill, l’empereur américain du tournesol et des céréales, vient de faire une entrée remarquée dans le club fermé des grands propriétaires fonciers de la ville de Lyon. L’entreprise américaine vient en effet de signer avec la ville une acquisition immobilière record. Après une consultation à laquelle 54 candidats ont répondu la ville à retenue parmi les 11 meilleures offres celle du groupe céréalier. Pour la modique somme de 87,085 millions d’euros, Cargill va donc devenir propriétaire de dix magnifiques immeubles occupés, tous situés dans le quartier historique Grôlée-Carnot, au centre de la presqu’île.

Si la mairie est restée discrète sur cette transaction, on sait cependant que cette opération a été voulue par le maire socialiste Gérard Collomb. Le maire de Lyon semble en effet selon ses déclarations vouloir «céder les éléments qui ne constituent pas une source de service public». Une position qui, au regard de son appartenance politique, peut surprendre en matière de logement. Néanmoins, les 48 000 m2 en question, composés essentiellement de logements et de commerces, seront dès 2004 la propriété de la multinationale américaine. Une politique qui, toujours selon le Maire de la capitale de la région Rhône Alpes, viserait à sortir le patrimoine d’une situation figée.

A Lyon, beacoup s’interrogent sur l’arrivée en force d’un céréalier, de surcroit américain, dans l’univers de l’immobilier local. La multinationale Cargill est en effet depuis plus de cent trente ans un acteur mondial de l’agro-alimentaire. Née en 1936 aux Etats Unis, l’entreprise encore largement détenue par la famille Cargill, est présente dans 59 pays où elle emploie plus de 90 000 personnes. Ses domaines de prédilection portent sur la production et de négoce de céréales, d’oléagineux, d’huiles et de tourteaux. Elle diffuse des produits alimentaires semi-finis et finis comme la mayonnaise, les plats préparés, la friture ou les aliments pour bébé. Cargill est présent en France depuis 1964, date de ses premières opérations de négoce de maïs et soja à Saint Nazaire. Depuis cette date, le groupe a ouvert une raffinerie d’huiles végétales dans cette même ville, une malterie à Strasbourg ainsi que des centres de transformation de viande de volaille. C’est cependant de la production d’huile alimentaire de tournesol que le groupe américain tire en France la plus grande part de ses revenus. Au regard de ces activités, on est effectivement assez loin des grandes manoeuvres immobilières.

C’est sans compter l’attrait que présente aujourd’hui la «financiarisation» de l’immobilier résidentiel, à l’image de ce qui existe déjà dans l’immobilier d’entreprise. Dans cet esprit, ce ne sont plus des immeubles et des maisons qui se négocient mais des promesses de revenus et des niches attrayantes de capitalisations rapides. Or, le groupe Cargill est riche de solides profits et d’une excellente trésorerie. Lyon pour sa part est une ville pleine de promesses dont l’immobilier semble, malgré des hausses ininterrompues, encore sous-estimé. Il n’en fallait pas plus pour que les dollars des agriculteurs américains fassent de Cargill l’un des plus importants propriétaires lyonnais.

Reste que la passivité en affaire des dirigeants de la multinationale ne sera pas celle des élus de la ville de Lyon. De là à penser que le quartier Grôlée-Carnot fasse l’objet d’un grand remembrement générant de solides plus values, il n’y à qu’un pas que certains entrevoient déjà. En attendant, Cargill vient à la fois d’ouvrir une brèche dans le pré carré des grands marchands de biens français et de révéler à la haute finance internationale le formidable potentiel dormant de l’immobilier des métropoles régionales…

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