L'architecte Jean Nouvel a décidé de mettre les pieds dans le plat et d'exprimer son mécontentement sur la récente cacophonie autour du projet du Grand Paris. Si on continue sur cette voie, « on va vraiment dans le mur », a indiqué mardi dernier l'architecte dans une tribune dans le Monde, avant de s'exprimer sur France Inter. Un homme est particulièrement visé par Jean Nouvel : Christian Blanc.

Christian Blanc n'a pas le profil, considère le prix Pritzker 2008, lorsqu'il évoque le Grand Paris. « Il faut un secrétaire d'Etat curieux, humaniste, un ami des architectes et des ingénieurs », estime Nouvel. « Personnellement, je pense qu'il faut que Christian Blanc parte, à moins qu'il ne change », a déclaré l'architecte. Mais « c'est peu probable », a-t-il ajouté. Mais Christian Blanc « n'est pas tellement intéressé par les questions d'architecture et d'urbanisme. La seule chose qui l'intéresse, c'est son grand huit » de métros souterrains, qui fait l'objet d'un projet de loi, regrette Jean Nouvel. « Les dix grandes études, qui ont mobilisé 500 personnes, n'ont pas été analysées », affirme-t-il.

A la demande de Nicolas Sarkozy, dix équipes pluridisciplinaires internationales ont remis leurs propositions sur le Grand Paris le 6 mars dernier. Le chef de l'Etat a ensuite prononcé le 29 avril à la Cité de l'architecture un discours sur le Grand Paris dans lequel il a cité de nombreuses idées empruntées aux dix études présentées.

L'architecte indique que les dix équipes ont écrit le 28 juillet à Nicolas Sarkozy pour lui demander la création d'un atelier international du Grand Paris qui réunirait les architectes et urbanistes, avec des représentants de l'Etat, de la Ville de Paris, de la région Ile-de-France, des communes. Nouvel souhaite que cela permette de « créer un engrenage entre les experts, les techniciens et les élus pour préparer les décisions politiques ». « Il faut analyser, dire ce qu'on va faire, dire ce qu'on ne va pas faire. Le rôle du politique, c'est de choisir », ajoute-t-il.

Bruno Poulard