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Grèce: le riche passé archéologique d'Athènes, un casse-tête pour le métro

Publié le 04 novembre 2004

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Construire un métro dans une ville comme Paris a du sembler bien simple aux architectes du début du siècle... Mais le même excercice dans une ville au passé aussi riche qu'Athènes se révèle un véritable casse-tête pour les responsables des travaux, à tout moment tributaires du puissant lobby des archéologues. Ces derniers peuvent imposer de longues campagnes de fouilles sans être véritablement tenus par des délais contraignants et ont même réussi à obtenir des changements d'itinéraire.
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Les deux lignes d'un total de 13 km inaugurées en janvier 2000 ont ainsi été mises en service avec un grand retard sur le calendrier initial, sans compter un important surcoût. Les fouilles réalisées sur leur parcours entre 1992 et 1997 ont coûté 50 millions d'euros. Retards, dépassements budgétaires: "c'est toujours comme cela pour le métro d'Athènes, mais c'est cela qui fait son charme", commente, fataliste, Harris Tzivatzis, responsable des relations publiques de la société Attiko Metro.

Et le scénario risque de se répéter pour les nouvelles extensions théoriquement prévues pour 2012 avec 36 kilomètres de ligne supplémentaires. Les gigantesques fouilles, notamment place Syndagma, dans le centre-ville, mais également dans le cimetière du Céramique en contrebas de l'Acropole d'Athènes, ont en tout cas permis de retrouver quelque 30.000 pièces.

Dans une galerie surplombant les guichets de la station Syndagma, le visiteur peut aujourd'hui s'attarder sur plusieurs vitrines remplies d'objets découverts pendant les fouilles: amphores, vaisselle, chapiteau ionien, stèle ou colonnes funéraires...

A l'extérieur, juste à l'entrée de la station, on voit un fragment des conduites de l'aqueduc de Pisistrate (Ve siècle avant notre ère) retrouvées intactes sur une dizaine de mètres. Un plan montre que la station a été construite juste au dessus de bains de l'époque romaine, mais témoigne également d'une présence continue sur le site depuis le XIe siècle avant notre ère jusqu'au XIXe.

Plusieurs autres stations, comme celle de l'Acropole ou celle de l'Université, présentent elles aussi de nombreux objets issus des fouilles dans des vitrines. Mais l'un des chantiers les plus emblématiques de la considérable influence qu'exercent les archéologues grecs est sans doute l'extension en cours de la ligne 3, de Monastiraki, au pied de l'Acropole, jusqu'à la station Aigaléo (ouest).

Vers la fin des années 90, une vive polémique avait opposé les archéologues, soutenus par les écoles étrangères d'archéologie à Athènes, à la société constructrice Attiko Métro. Cette dernière prévoyait de forer un tunnel sous la nécropole du Céramique. Mais, en raison de la nature sablonneuse du terrain, les spécialistes craignaient un effondrement du site.

Le gouvernement leur avait finalement donné raison: la ligne a été déplacée et la station construite 400 m plus loin que prévu. La ligne suit tout de même le tracé de la "voie sacrée" qui reliait Athènes au sanctuaire d'Eleusis. "On savait donc à l'avance que les fouilles seraient d'un grand intérêt archéologique, compte tenu de la présence le long de cette route de sanctuaires, tombeaux et cimetières", souligne Gianna Drakotou, archéologue responsable sur la ligne Monastiraki-Aigaléo. "Mais il n'y a pas eu vraiment de surprises lors des fouilles qui sont aujourd'hui terminées à 99% et on coûté 10 millions d'euros", ajoute-t-elle.

Si ce n'est la découverte des piles d'un pont antique traversant la rivière Kyfissos à l'emplacement prévu pour une des stations. Ces vestiges ont dû être entièrement démontés, pour une éventuelle reconstitution, retardant d'autant les travaux. "La fin des travaux était initialement prévue en 2005, mais maintenant on parle de 2007", précise M. Tzivatzis.

Dans la même veine, la découverte de sites archéologiques explique en partie les retards pris par les Grecs dans les travaux des JO et le pourquoi des des sites archéologiques au bord des stades

Si les constructions des complexes olympiques ont parfois découragé les archéologues, a contrario ces nombreux travaux ont permis aux spécialistes de l’ère antique de découvrir de nombreux vestiges. Par exemple, la construction du Stade olympique et du centre de presse (placé à côté), a révélé trois puits de l'aqueduc d'Hadrien, en 117-138 .

« C’est incroyable de découvrir de tels sites, on a du mal à s’imaginer que ces murs ont été dressés il y a plusieurs centaines d’années », déclarait un volontaire pour les Jeux qui passait devant. Plus que des centaines d’années, le décompte se fait plutôt en milliers d’années. On comprend mieux l’héritage de la culture grecque et l’attachement de certains à la protection de ces vestiges.

Cinq kilomètres au sud de Marathon, des archéologues ont lutté pendant quatre ans pour annuler la construction du plan d'eau de Schinias, destiné à accueillir les épreuves olympiques de canoë-kayak et d'aviron. Malgré la découverte en 2002, de trois maisons vieilles de 45 siècles, leurs efforts n’ont pas été couronnés de succès. Les organisateurs ont juste déplacé les épreuves de canoë en eau vive, et deux des trois maisons ont été sauvées et exposées pendant les JO.

Au prix d’efforts acharnés de la part des spécialistes de l’histoire, les nombreux musés de la ville voire du monde, ont « récupéré » de nombreux objets, les chercheurs obtenus plus d’informations et des détails sur les modes de vie ancestraux. La découverte d’un cimetière datant de – 500 avant JC proche du village olympique, ou de près de 30.000 vestiges lors de la construction du métro d’Athènes ont à la fois retardé les travaux, et émerveillé les intervenants.

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