ConnexionS'abonner
Fermer

Le sarcophage en béton des déchets de Fouju

Publié le 23 janvier 2002

Partager : 

Trop vaste et trop chère, l’élimination de la décharge de Foujou (77) était inenvisageable. Faute de mieux, les millions de tonnes d’ordures seront enfouies dans un sarcophage de béton.
Le sarcophage en béton des déchets de Fouju - Batiweb
Les habitants de Fouju (77) sont les tristes propriétaires de la plus grande décharge de Seine et Marne. Un cadeau d'autant plus embarrassant qu'il menace aussi leur nappe phréatique. Sachant qu’en principe, en 2002 les décharges devraient toutes avoir disparu, ils attendaient avec confiance que le ministre de l’Environnement, Dominique Voynet, ordonne le transfert des ordures vers un incinérateur. Effectivement, après étude, la décharge va bien disparaître, mais uniquement de leur vue. A défaut de pouvoir brûler les millions de tonnes de déchets, ceux-ci vont être confinées, pour l’éternité, dans un coffre géant de béton. Ce pis-aller demande cependant de réaliser des prouesses techniques. Mission des entreprises SADE, REP et DLE qui ont imaginé et construit l’immense coffre de béton. Ce coffre est en fait constitué de multiples parois de bétonite-ciment d’une vingtaine de mètres de haut-, enfoncées à la verticale à l’aide d’une lame guide descendue par une grue. Une fois leurs bases noyées dans l’argile du sous-sol, ces murailles de béton, renforcées par du polyéthylène Géolock, sont assemblées les unes aux autres sur toute leur hauteur. Des joints hydrogonflants assurent alors entre les parois une parfaite étanchéité. Au final, lorsque l’immense boîte sera terminée, il suffira, pour faire disparaître la masse des déchets, de la recouvrir d’un couvercle et d’une épaisse couche de terre. Avec un peu de verdure et beaucoup de chance, la boite cadeau ne devrait pas être ouverte avant un ou deux milliers d’années par nos descendants. Les archéologues de l’an 4001 auront alors à disposition toutes les éléments nécessaires pour dresser un portrait précis des hommes de 2001 et de leur façon de vivre. Un scénario sans faille si, d’ici là, l’argile sur lequel repose les parois de la boîte ne laisse pas s’écouler les lixiviats (résidus juteux de la décomposition organique). Une éventualité qui laisse froid le Préfet Didier Cultiaux. En effet, ce dernier, sachant qu’il restait encore de la place dans la décharge pour 2,25 millions de tonnes de déchet, a signé, avant de quitter la région, une autorisation d’exploitation valable pour les 20 années à venir. La boîte à ordure devra en effet être pleine car, comme chacun sait, la nature à horreur du vide. À Fouju, la lassitude va peut-être laisser la place au désespoir, ou à la fuite…

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.