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Existe-t-il une architecture contemporaine spécifiquement chinoise ?

Publié le 11 juillet 2008

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D'un côté, d'innombrables tours de béton plantées dans d'improbables banlieues par des « instituts de projets » soucieux d'aligner le plus possible de mètres-carré habitables ; de l'autre, des réalisations de prestige - stade olympique, opéra, gratte-ciel - signés des plus grands architectes internationaux. En marge, pour les nouveaux riches, des « villes à thème » style Haussmann, florentin ou « cottage » dans des quartiers sécurisés. Et au milieu, partout, diffus, pour les pauvres qui n'ont pas encore été expulsés, un habitat traditionnel à la limite de l'insalubrité...
Existe-t-il une architecture contemporaine spécifiquement chinoise ? - Batiweb
L'image que l'on a trop souvent de la ville chinoise correspond hélas à une réalité massive. Mais il existe des interstices où se faufilent d'autres expressions architecturales, à la fois très contemporaines... et très chinoises, auxquelles les salles d'actualité de la Cité de l'architecture au Palais de Chaillot (Paris) consacrent cet été une petite exposition intitulée Positions et un livre très instructifs.

Le salon de thé Dong, tout juste inauguré au bord d'un petit canal dans ce qu'il reste d'un quartier ancien de Suzhou, « la Venise extrême-orientale », non loin de Shanghai. Le volume du bâti, son insertion dans le dédale de ruelles du quartier, les matériaux utilisés (des briques de terre grise montées dans un appareillage à claire voie) témoignent d'un grand attachement au patrimoine alentour. La forme, en revanche, tout en angles droits, et la structure, un squelette de poutrelles métalliques, relèvent d'une approche très contemporaine. Né en 1968 à Shanghai, l'architecte Tong Ming, fait partie d'une nouvelle génération de quadras qui se revendiquent à la fois d'une culture internationale et chinoise.

Ces jeunes architectes innovants ne seraient pas plus d'une trentaine en Chine aujourd'hui d'après les commissaires de l'exposition. Responsable, la révolution culturelle (1965-1976), en Chine, qui avait conduit à fermer les universités, et, par là, les écoles d'architecture... Ce n'est donc pas avant le milieu des années 90 qu'une génération d'architectes chinois de haut niveau a commencé à réapparaître. Parmi eux Ma Quigyun, né en 1965, qui, après un diplôme de l'université de Tsinghua, est allé parfaire sa formation à l'université de Pennsylvanie, aux Etats-Unis. Professeur à Harvard, installé à Shanghai, il reste très attaché à son pays. C'est au cœur de la Chine, à Xi'an (Shaanxi), qu'il a dessiné l'un de ses premiers bâtiments, le Village-Hôtel de la vallée de Jade, où il a associé avec vigueur le vocabulaire de la tradition et l'imaginaire de la modernité.

Mais Ma Quigyun et ses associés de l'agence MADA s.p.a.m. osent aussi réinterpréter les symboles de la « Chine éternelle » dans des constructions plus imposantes comme la bibliothèque en forme de dragon qui ondule au-dessus d'un lac dans le district de Qingpu (Shanghai).

Inspirateur de cette jeune génération, le vénérable Leoh Ming Pei, architecte sino-américain né à Canton en 1917, auteur de la National Gallery de Washington et de la pyramide du Louvre, est aussi revenu sur les traces de ses ancêtres. A Suzhou, ancienne capitale impériale et lieu de naissance de ses propres parents, le vieil homme a construit, en 2006, un très paisible musée dans les tons gris et blanc, qui rappelle sur un air très contemporain les silhouettes des vieilles maisons du quartier.

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