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Quand un chantier devient une découverte archéologique

Publié le 02 octobre 2012

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Les archéologues de l’Inrap réalisent plusieurs fouilles en Côte-d'Or sur le chantier d'aménagement de la future ligne à grande vitesse Rhin-Rhône. Une recherche fructueuse qui a révélé plusieurs sites exceptionnels, sans impact sur le planning du chantier de l'aménageur, Réseau Ferré de France.
Quand un chantier devient une découverte archéologique - Batiweb

A première vue, l’archéologie est la bête noire des aménageurs qui réalisent des travaux affectant le sous sol. En Côte-d’Or, sur le chantier d'aménagement de la deuxième phase du tracé de la Ligne à grande vitesse Rhin-Rhône, les archéologues de l'Inrap, dont Réseau ferré de France a confié la responsabilité des fouilles, ont diagnostiqué sur plus de dix hectares des périodes allant du Néolithique moyen (3 000 avant notre ère) au Moyen-Âge (Xe-XIe siècles). Les recherches portent sur des habitats, des aires artisanales et agricoles, et des nécropoles. Les fouilles ont débuté en avril 2012 dans les communes de Genlis, Collonges-les-Premières et Labergement-Foigney. Près de 70 archéologues et spécialistes (céramologues, géoarchéologues, archéozoologues, numismates…) ont œuvré sur le terrain et en laboratoire.

Anticipation, le maître mot

Des découvertes qui vont probablement retarder le chantier d'aménagement ? « Pas du tout », précise Estelle Nilsson, chargé de communication à la direction régionale Bourgogne Franche-Comté chez Réseau Ferré de France. « Dans le budget, nous avons un volet financier dédié à l’archéologie, déterminé lors des diagnostiques de fouilles. L'Inrap connaît nos impératifs, et fait en sorte de réaliser les fouilles de sauvegarde pour ne pas mettre en péril le début du chantier, sachant que l'on a une marge de manœuvre, contrairement à des aménageurs BTP, lors de la construction de bureaux par exemple. Nos fouilles se font vraiment en amont » détaille Estelle Nilsson.

  

À Labergement-Foigney, une importante villa gallo-romaine est actuellement exhumée. Sur deux hectares, elle se compose d’un bâtiment résidentiel (pars urbana) et d’un édifice à vocation agricole ou artisanale (pars rustica) datés des Ier et IIe siècles de notre ère. L’occupation perdure dans les siècles suivants, sous la forme d’un bâtiment sur poteaux porteurs, dans lesquels sont réemployés des matériaux de construction issus des occupations précédentes. La découverte la plus étonnante est la tête, probablement casquée, d’une statue du dieu Mars. Il s’agit plus précisément d’un Mars juvénile, réalisé dans une pierre blanche, de taille humaine et dont la facture rappelle l’influence italique. Une inscription mentionnant l’accomplissement d’un voeu a également été découverte.

Un intérêt commun aux fouilles archéologiques

Le mobilier reflète la richesse des occupants : un dépôt monétaire de plus de 300 pièces vient d’être mis au jour ainsi qu’une importante variété de fibules de belle facture. L’une d’elle, à incrustations d’émail, est très originale et représente un animal aquatique, probablement un dauphin. Des clés de coffret, portées en bague et pendentif, des boîtes à sceaux témoignent également de la vie quotidienne des occupants. La vocation agricole de cette villa est par ailleurs attestée par la présence de nombreux outils : serpes, marteaux, compas, hache, ciseaux ou encore une très grande pelle à feu.

Pour cette deuxième phase d'aménagement, Réseau Ferré de France a déboursé 5 millions d'euros. « On trouve un intérêt commun à ces fouilles : mettons au service du passé les infrastructures d'aujourd'hui. Si la LGV n'était pas passée là, nous n'aurions jamais fouillé les sols et trouvé des traces intéressantes de nos aînés » explique Estelle Nilsson, Des opérations d’archéologie ont déjà été réalisées pour Réseau Ferré de France par l'Inrap sur la première phase de la LGV Rhin-Rhône. De 2004 à 2008, les équipes de l’INRAP ont explorés plus de 1500 hectares sur l’ensemble du tracé. Les diagnostics ont donné lieu, entre 2006 et 2007, à seize fouilles en Franche-Comté et en Bourgogne. Celles-ci ont entre autres révélé les villae de Jallerange, Burgille, Thervay, Brans, Chaucenne et Geneuille pour l’Antiquité, ou encore un moulin médiéval exceptionnel à Thervay (Jura). Deux nouvelles opérations sont programmées en 2013.

Bruno Poulard

2e phase LGV Rhin-Rhône

Aménagement : Réseau Ferré de France
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne)
Recherche archéologique : Inrap
Adjoints scientifiques et techniques : Frédéric Séara, Laurent Vaxelaire
Responsables scientifiques : Alexandre Burgevin, Franck Ducreux, Johan Lecornue, Gilles Rollier, Grégory Videau, Inrap

Réseau Ferré de France
Pivot du système ferroviaire français, Réseau Ferré de France développe, modernise et commercialise l’accès au réseau ferré dans une logique de solidarité du territoire aux échelles européenne, nationale et régionale.

L’Inrap
Avec près de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise la majorité des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics

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