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L'ex-chancelier Schröder ... en CPE, contrat potable européen !

Publié le 31 mars 2006

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L'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder a pris jeudi la tête du consortium chargé de mener à bien le vaste projet russo-allemand de gazoduc sous la Baltique en balayant les critiques suscitées par son entrée dans cette opération.
M. Schröder, 61 ans, a été élu président du conseil de surveillance de la "North European Gas Pipeline Company" (NEGP) - détenue par Gazprom pour 51% et par les allemands BASF (chimie) et EON (énergie) pour 24,5% chacun - moyennant des émoluments de 250.000 euros par an. A ce poste, il representera les intérêts des actionnaires du consortium, la gestion au quotidien étant assurée par un autre allemand, Matthias Warnig, qui était patron de la Dresdner Bank en Russie et qui devient directeur exécutif de la NEGP.

Symbole de la nouvelle puissance énergétique de la Russie, cette "intronisation" a eu lieu au siège de Gazprom, un complexe monumental de béton et de verre qui domine de ses quatres tours un quartier d'immeubles au sud-ouest de Moscou. "Il est extrêmement important de construire ce gazoduc pour pouvoir répondre de façon satisfaisante aux besoins en gaz de l'Europe", a martelé l'ex-chancelier, en costume gris trois pièces et cravate bordeaux, lors d'une conférence de presse.

"C'est pourquoi je me réjouis de pouvoir participer, après la fin de mon mandat en Allemagne, à cette activité hautement importante pour l'Allemagne et pour l'Europe", a-t-il ajouté, apparement à l'aise dans ses nouvelles fonctions, au côté du patron de Gazprom Alexeï Miller. A partir de 2010, quelque 27,5 milliards de mètres cube de gaz devraient transiter chaque année du port russe de Vyborg, près de St-Petersbourg, à Greifswald dans le nord-est de l'Allemagne, via une liaison de presque 1.200 kilomètres sous la Baltique. Le volume doit être porté à terme à 55 milliards de m3.

M. Schröder, qui entretient des relations d'amitié avec le président russe Vladimir Poutine, s'était fortement investi quand il était chancelier pour faire aboutir ce projet de 4 milliards d'euros. Sa nomination à la tête du consortium a été annoncée le 9 décembre, moins de trois semaines après son départ de la chancellerie et trois mois après la signature du contrat pour la construction du gazoduc, en présence de MM Schröder et Poutine à Berlin. Elle a été vivement critiquée en Allemagne, certains évoquant un conflit d'intérêt, mais aussi en Pologne et dans les pays Baltes, qui voient d'un mauvais oeil ce contournement de leurs territoires, craignant d'être privés du gaz russe.

"Ce gazoduc n'est dirigé contre personne mais il vise à assurer la sécurité d'approvisionnement de gaz en Europe", a réaffirmé M. Schröder. "Ce projet est dans l'intérêt de l'Allemagne, c'est pourquoi il sera soutenu par chaque gouvernement allemand", a-t-il également répondu à ses compatriotes. M. Schröder a écarté tout conflit d'intérêt, en notant que les décisions concernant le projet avaient été prises par "trois sociétés privées indépendantes" et qu'il n'y avait été "à aucun moment associé". L'ex-chancelier a aussi une nouvelle fois démenti des informations de presse russe selon lesquelles il prépare la création d'un comité de lobbying pro-russe à Berlin. "J'ai déjà assez à faire et n'ai pas d'autres activités en vue", a-t-il dit.

Depuis qu'il a quitté la politique, M. Schröder, surnommé jadis "l'ami des patrons", est aussi devenu conseiller du groupe minier allemand RAG, de l'éditeur suisse Michel Ringier et de la banque d'investissement Rothschild pour ses activités en Europe de l'est. Jeudi, le président de Gazprom - qui entend garder le contrôle du consortium - n'a pas exclu l'entrée d'un troisième partenaire européen dans le projet du gazoduc - qui pourrait être le français Gaz de France - à condition que ce partenaire apporte un plus "stratégique", plus que financier.

La prochaine réunion du conseil de surveillance est prévue le 4 juillet à Zug (Suisse), où le consortium a son siège.

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