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Scénario de fin du Monde.... Qui sait ?

Publié le 04 janvier 2005

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Si des astronomes annonçaient qu'un astéroïde géant se dirigeait vers la Terre et devait s'écraser avant, disons, 2015, cela ferait la une des journaux. On en parlerait tous les jours, l'assemblée générale de l'ONU serait convoquée et toute la société ferait des plans pour survivre. Si, par contre, on tente d'expliquer que le pétrole va bientôt manquer, personne ne réagit.... Vous trouvez ça logique ?
Tout le monde dit qu'il y a encore assez de réserves pour 40 ou 50 ans. Qu'en est-il en réalité?



La réponse à cette question dépend en fait de la personne à laquelle on la pose. Pour de nombreux économistes, il n'y a pas vraiment de problème fondamental. Bien sûr, des prix élevés sont mauvais pour l'économie, mais ils permettront d'exploiter des gisements qui ne sont pas rentables pour l'instant et ils stimuleront la recherche dans des sources d'énergie alternative. Certains pensent même que les ressources sont virtuellement illimitées, et que la recherche et la loi du marché sont capables de faire croître les réserves plus rapidement que les dépenses.

Ces économistes sont si nombreux qu'on leur a même donné un nom : on les appelle les "économistes de la Terre plate". Pour ces personnes, la loi du marché est une vraie loi, au même niveau que les lois de la physique, et elle est capable de résoudre à elle seule tous les problèmes que peut rencontrer la société. Ils pensent que l'énergie à la même valeur que les différentes matières premières, alors quelle est en fait la condition nécessaire à l'obtention d'autres ressources (y compris l'énergie elle même). Ils pensent que l'économie "crée des richesses", alors qu'elle ne fait que transformer les matières premières et que, sans énergie, il n'y a tout simplement plus d'économie.

Et puis... Il y a les autres. Il y a les géologues, bien sûr, mais également les techniciens qui exploitent les champs pétrolifères, les mains dans le cambouis.

Tout d'abord, soulignons que la prévision classique "il reste assez de pétrole pour tant d'années" est faite en supposant que la consommation reste constante. Malheureusement, c'est très loin d'être le cas. Ces dernières années, de nouveaux très gros consommateurs (la chine et l'inde pour l'essentiel) sont apparus sur le marché et consomment autant qu'ils le peuvent.

Comme toutes les ressources finies, la production de pétrole a commencé et finira à zéro. Entre ces deux extrêmes, la production passe nécessairement par un maximum. On appelle ce maximum le "pic de Hubbert", du nom du géologue qui l'a calculé le premier. Il se produit approximativement quand la moitié du pétrole disponible a été extraite, et tout laisse à penser que ce pic est imminent.

En 1956, le géologue King Hubbert a prédit que la production de pétrole aux USA atteindrait son maximum aux alentours de 1970 avant de commencer à décroître. Evidemment, tout le monde l'a ridiculisé. Et pourtant, il avait raison et, depuis 1971, la production de brut aux USA ne cesse de baisser. Bien sûr, ce phénomène n'est pas propre à ce pays mais commun à toutes les régions productrices. Seule la date diffère. A l'heure actuelle, la plupart des pays ont atteint ou dépassé leur pic de production. Les seuls pays ne l'ayant pas encore atteint sont au moyen-orient.

Maintenant il est évident que, si l'on considère la production mondiale dans son ensemble, le même phénomène doit se produire. Selon le site de l'ASPO, la date la plus probable est 2008... C'est plutôt proche, non ?

A ce point de notre raisonnement, quelques remarques s'imposent :

- Le gouvernement Américain actuel rassemble beaucoup de membres de l'industrie pétrolière. Il est très probable que leur invasion de l'Irak ait été planifiée en prévision du "peak oil".

- Pour extraire du pétrole, du charbon ou des sables bitumineux, on a besoin d'énergie (pompes, etc), et donc de pétrole. En d'autres termes, il arrive un moment où l'extraction n'est plus rentable, et ceci quel que soit le prix du marché. S'il faut brûler un baril pour en récupérer un, on ne le fera pas, même à 10 000 $ le baril. C'est un concept que les économistes de le Terre plate ont beaucoup de mal à comprendre... De nombreuses réserves d'hydrocarbures fossiles sont donc "hors de portée" et ne seront jamais utilisées sauf, peut être, comme source de matières premières.

Quelles seront les conséquences ?

Une fois le pic atteint, la production ne peut que chuter, ce qui signifie une explosion des prix. Actuellement, on a une crise pétrolière si la production est inférieure même d'un demi pour cent à la demande, mais cette crise sera bien plus sévère ! Bien sûr, il restera encore du pétrole pour quelques années, mais il sera cher. Très cher. Et les prix ne feront que monter...

Plus concrètement, l'explosion des prix du brut signifie

- La fin de la globalisation:
Plus personne n'ira faire fabriquer des T-shirts à 10 centimes la douzaine à l'autre bout du monde si le prix du pétrole atteint des sommets. Evidemment, ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car ces emplois pourraient retourner chez nous. Toutefois, cela signifie également un bouleversement immense de l'économie qui aura le plus grand mal à s'adapter. Cela signifie aussi que nombre de produits redeviendront, comme autrefois, des produits de luxe (par exemple, les bananes et le cacao pour les européens).

- La fin de l'industrie aéronautique.
Cette industrie est extrêmement sensible au prix du pétrole. Dans un premier temps ils pourront survivre en augmentant leurs tarifs mais, passé un certain niveau, l'inévitable envolée du brut signera leur perte.

- La fin du tourisme international
Si vous voulez un jour faire le tour du monde, il vaut peut être mieux partir maintenant ou prévoir de le faire à voile. Par ailleurs, faut-il vraiment que je vous rappelle que l'industrie touristique est une des premières industries mondiales et une source importante de devises ?

- D'immenses bouleversements dans notre mode de vie
Certains aspects de notre mode de vie devont être révisés entièrement. Un exemple parmi d'autres est celui des grandes mégalopoles qui ont été bâties après la découverte du pétrole. Elles ont été conçues en intégrant l'automobile depuis le début et deviendront en grande partie inhabitables.

- La fin de la croissance
La croissance, ce n'est pas uniquement plus de biens produits, c'est également plus de matières premières et plus d'énergie consommées. Une diminution de la production globale de pétrole n'a qu'une seule issue : la décroissance, que cela nous plaise ou pas.

- Un crash du dollar
C'est un point presque anecdotique par rapport à la situation qui affectera toute la planète (même si cet évènement pourrait bien être le premier à se manifester, voire même le déclencheur) mais il mérite d'être souligné. Pour résumer, les USA ont réussi depuis la dernière guerre mondiale à imposer le Dollar comme monaie d'échange pour le pétrole. En conséquence, tous les pays souhaitant en importer doivent emprunter des Dollars, soutenant ainsi de façon artificielle cette devise. Dans la pratique, cela signifie que les USA peuvent ainsi se permettre un déficit commercial considérable sans conséquence immédiate. En contrepartie, si ce système s'arrête, ils seront les tous premiers à en souffrir.

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