La forteresse des pestiférés

Les Robinson de Saint-Louis
L'administration elle-même, formée de quatre vastes bâtiments en forme d'équerre constituait également un rempart. Tandis que les rez-de-chaussée des bâtiments tenait lieu de réserves à grains, les malades résidaient dans les étages. Ils furent ainsi des milliers à devenir malgré eux des prisonniers de l'hôpital. Dans la communauté des malades, une organisation sociale et politique avait remplacé celle du royaume. Le seul point de contact et d'échange avec l'extérieur se situait dans la chapelle. Mis à l'écart par la mémoire collective des Parisiens, ces lieux furent longtemps ignoré s des réformes urbanistiques de la capitale. Un curieux destin qui cependant conduisit l'hôpital à être aujourd'hui un vaste lieu privilégié de silence et de sérénité au cœur de la ville. Pourtant, en 1818, il fut le premier à entrer dans le siècle de la lumière. En effet, la première usine à gaz fut construite par Louis Lebon en mitoyenneté avec la chapelle de l'hôpital. Pour réaliser la première canalisation de gaz, le ministère de la guerre offrit 1 500 tubes de fusils. Les malades de l'hôpital Saint Louis furent ainsi, le 25 décembre de cette année, à l'occasion de la messe de minuit, les premiers Français éclairés par le gaz. Un juste retour des choses pour un lieu repoussé et ignoré pendant tant de siècles.