ConnexionS'abonner
Fermer

Mouvement moderne et premières autocritiques

Publié le 31 janvier 2008

Partager : 

La Cité de l'architecture & du patrimoine présente en parallèle, et pour la première fois en France, les travaux de Team 10 et de l'Atelier de Montrouge, qui couvrent les années 1950-1980 soit, pour partie, la période de reconstruction de l'après-guerre. Les deux expositions se complètent, s'interpellent, se font écho à travers les réflexions, les recherches et les réalisations des protagonistes de ces deux mouvements – Team 10 à l'échelle internationale, ATM à l'échelle nationale.
Mouvement moderne et premières autocritiques - Batiweb
Dans les deux cas, il s'agit d'une nouvelle génération d'architectes opposés aux excès du fonctionnalisme d'après-guerre et aux principes urbanistiques réducteurs de la Charte d'Athènes (1943). L'enjeu consistait à réintroduire variété et complexité dans les réponses apportées aux défis de la Reconstruction, à intégrer les apports des sciences humaines dans la réflexion sur la ville et l'architecture, à remettre au centre du projet la notion de communauté des usagers, à ouvrir la perspective d'un processus continu de transformation de la ville.

Les deux expositions témoignent de l'actualité et de la pertinence des recherches et des solutions proposées par ces architectes qui ont réussi à faire émerger une nouvelle approche du projet et de l'espace urbain.

Team 10, une utopie du présent (1953-1981)-
20 mars - 11 mai 2008
Galerie haute des expositions temporaires

Dans les années 1950, un groupe international d'architectes, Team 10, se constitua sur un consensus critique vis à vis du modernisme technocratique et impersonnel qui s'était imposé après la Seconde Guerre mondiale et entreprit de réhabiliter la dimension humaine en architecture. Bien que la plupart de ses membres, célèbres à l'époque, soient aujourd'hui quelque peu oubliés, ce groupe informel demeure une source d'enseignements et d'inspiration pour les architectes contemporains.

Initialement présentée au Nederlands Architectuurinstituut (NAI), à Rotterdam, du 25 septembre 2005 au 8 janvier 2006, l'exposition, qui a été enrichie à Paris d'apports originaux du Centre Pompidou, réunit des pièces issues de collections disséminées dans le monde entier : au NAI de Rotterdam, à l'Université de technologie de Delft, au centre des archives de l'Institut français d'architecture et à la fondation Le Corbusier à Paris, au musée d'architecture de Stockholm, à l'Université de Venise....

Elle est essentiellement centrée sur les membres qui composent le « noyau dur » de ce groupe à géométrie variable au fil de ses presque trente années d'existence : Jaap Bakema (1914-1981, Pays Bas) et Aldo van Eyck (1918-1999, Pays-Bas), Giancarlo De Carlo (1919-2005, Italie), Georges Candilis et Shadrach Woods ((1913-1995, 1923-1973, France), Alison et Peter Smithson (1928-1993, 1923-2003, Royaume-Uni), qui ont été les plus actifs dans l'organisation des réunions et dans la publication des concepts de Team 10. De nombreux autres membres du groupe sont aussi représentés dans l'exposition : Ralph Erskine (1914-2005, Grande-Bretagne et Suède), José Antonio Coderch (1913-1984, Espagne), Herman Herztberger (1932, Pays-Bas) et Oswald Mathias Ungers (1926-2007, Allemagne)...

Les protagonistes de Team 10 s'étaient rencontrés au sein des Congrès internationaux d'architecture moderne (Ciam), réseau fondé en 1928 pour la défense et l'illustration de l'architecture moderne, dominé par le trio Le Corbusier, Siegfried Giedion, Walter Gropius et dissous en 1959 à Otterlo, avec le XIe congrès. En 1953, le IXe congrès des Ciam à Aix-en-Provence, qui travaillait à la définition d'une « Charte de l'habitat », vit émerger une « jeune garde » d'architectes qui constituèrent un noyau chargé de l'organisation du Xe congrès des Ciam à Dubrovnik en 1956. Team 10 était né et ses travaux – dessins, enseignement, publications et réalisations individuelles emblématiques dans différents pays – allaient donner une nouvelle impulsion au débat européen sur l'architecture moderne et sur la ville.

La plupart de ses grandes thématiques – la ville en strates, infrastructures et mobilité, structures flexibles et « architecturbanisme » – restent d'actualité. Réfractaire aux dogmes, Team 10 n'a légué ni véritable manifeste ni programme. La composition du groupe a continuellement changé au fil des réunions organisées dans différents pays d'Europe de 1953 à 1981, le seul élément fédérateur étant précisément ces réunions et les analyses qui en sont issues, sur lesquelles l'exposition s'appuie.

L'Atelier de Montrouge, la modernité à l'œuvre (1958-1981)
20 mars - 11 mai 2008
Galerie basse des expositions temporaires

L'Atelier de Montrouge est créé en novembre 1958 par Pierre Riboulet (1928-2003), Gérard Thurnauer (né en 1926), Jean-Louis Véret (né en 1927) et Jean Renaudie (1925-1981, qui quitte l'atelier en 1968). Architectes diplômés des Beaux-Arts, ils ont côtoyé de près de grandes figures du mouvement moderne et des Ciam (telles que Le Corbusier, Michel Ecochard et Jean Prouvé). Ils font partie d'une nouvelle génération qui, à l'échelle internationale, se démarque par sa volonté de repenser la modernité sur de nouvelles bases, en tenant compte de la dimension sociale de l'habitat, de l'histoire et de l'esprit du temps.

La production de l'Atelier, qui touche à toutes les échelles – de l'objet au territoire en passant par l'habitat, le quartier, la ville – témoigne de cet engagement. Elle apporte des éléments de réflexion sur un grand nombre de thèmes actuels, notamment sur le renouvellement urbain et l'innovation en matière d'habitat, sur l'aménagement durable et la protection de l'environnement. Parmi ses oeuvres construites figurent notamment la bibliothèque « La Joie par les livres » de Clamart (1963-1965) et les logements EDF d'Ivry-sur-Seine (1963-1967), le village Le Merlier à Cap Camarat (1959-1965), le Centre éducatif et culturel « Les Heures Claires » d'Istres (1970-1977) et le Centre de formation EDF aux Mureaux (1972-1980).

Cette première exposition sur l'Atelier de Montrouge révèle l'essentiel de leur recherche en suivant le fil d'une cinquantaine de projets emblématiques, réalisés ou non, élaborés de 1958 à 1981 (année de la dissolution de l'atelier). Présentés selon leur logique d'échelle, ces projets sont principalement illustrés de documents conservés par le Centre d'archives d'architecture du XXe siècle (Ifa/Capa) : originaux de maquettes et documents graphiques, photographies d'époque réalisées notamment par Martine Franck, Pierre Joly et Véra Cardot. Des pièces contemporaines enrichissent la présentation : reportages photographiques sur huit sites (Dominique Delaunay, 2007), présentations multimédia (entretiens avec les architectes, extraits de films documentaires), prologue et épilogue synthétisant les expériences antérieures et postérieures de chacun des architectes, chronologie et tableau synoptique illustrés livrant l'ensemble de la production de l'Atelier et les faits saillants de l'époque.

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.