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Rafic Hariri, l'architecte de la reconstruction du Liban

Publié le 16 février 2005

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BEYROUTH, 14 fév (AFP) - L'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué lundi dans un attentat à Beyrouth, fut un architecte de la reconstruction économique du Liban et une personnalité respectée dans le monde de la finance internationale.
Agé de 60 ans, il était passé dans l'opposition en octobre 2004 après avoir présenté la démission de son gouvernement. Musulman sunnite, il avait fait fortune en Arabie saoudite avant de se passionner pour la politique et d'accéder au pouvoir au Liban pour la première fois en 1992. Rafic Hariri avait été le locataire du "Sérail", siège des bureaux du Premier ministre à Beyrouth, de 1992 à 1998 puis de 2000 à 2004.

Sorti grand vainqueur avec ses alliés des dernières législatives en 2000, il avait rassemblé autour de son nom une écrasante majorité de députés (107 sur 128).

Rafic Hariri, qui avait dirigé cinq gouvernements entre 1992 et 2004, s'était accommodé tant bien que mal des règles du jeu imposées par Damas, qui exerce sur son petit voisin une influence sans partage et y maintient toujours quelque 14.000 soldats.

Magnat de l'immobilier, à l'allure ronde, aux sourcils charbonneux et à la chevelure poivre et sel, il était né à Saïda (sud) d'un père ouvrier agricole.

A 18 ans, il quitte le Liban pour tenter sa chance en Arabie saoudite. Il enseigne d'abord les mathématiques dans un lycée de Djeddah, sur la mer Rouge, puis il se lance dans la construction immobilière, profitant du développement sans précédent de ce marché dans la foulée du choc pétrolier de 1973, qui fait affluer les pétrodollars dans les caisses du royaume. La chance lui sourit en 1977. Il est chargé par le roi Khaled de construire le palais de Taëf, qu'il avait promis d'ériger en moins de six mois. Il réussit cette gageure et gagna du même coup la confiance du prince héritier Fahd, aujourd'hui sur le trône. En 1978, privilège rare, il obtint la nationalité saoudienne.

Détenteur d'une fortune estimée à 10 milliards de dollars, Hariri avait beaucoup investi dans la banque, l'immobilier, l'industrie, la téléphonie mobile et dans les médias: au Liban, il avait sa propre chaîne de télévision, Future TV et son quotidien, Al-Mostaqbal. Il possédait aussi Radio-Orient, installée à Paris.

Durant ses premiers gouvernements, Hariri a voulu mettre son carnet d'adresses au service de son pays. Outre la famille royale saoudienne, il entretenait des relations suivies avec le président français Jacques Chirac, en qui il voyait "un ami". Il sillonne alors le monde pour redonner confiance aux investisseurs étrangers et libanais expatriés, les incitant à revenir au Liban après la guerre civile (1975-1990) et ce malgré l'interminable conflit du Proche-Orient.

Parallèlement, il pilote la restauration de l'Etat et des infrastructures, alors que ses bulldozers prennent possession du centre de la capitale dont la reconstruction a été confiée à une société privée, Solidere, qu'il avait fondée et qui est cotée à la bourse de Beyrouth. En novembre 2002, il obtient l'accord de la communauté internationale réunie à Paris pour venir au secours du Liban qui risque l'asphyxie financière, en contrepartie de réformes économiques prévoyant notamment la privatisation de divers secteurs de l'économie.

Cependant, ses divergences avec le président Emile Lahoud ont paralysé l'exécutif et empêché la mise en oeuvre de ces réformes. Le Liban ploie toujours aujourd'hui sous une dette d'environ 35 milliards de dollars, soit près du double de son PIB.

Mais les détracteurs de Hariri lui reprochaient des dépenses extraordinaires engagées par une administration corrompue, ce qui a plongé encore plus l'économie dans la dette avec des taux d'intérêt très élevés destinés à stabiliser la monnaie ces dernières années. Marié à deux reprises, M. Hariri était père de cinq enfants.

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