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Le E-learning, une solution d'avenir pour la formation BTP

Publié le 12 octobre 2004

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Entretien avec Jean-Michel BOURGOIS, qui a repris l’Ecole Chez Soi depuis 1995 avec quelques enseignants. Depuis neuf ans, l’entreprise s'est positionnée sur le E-learning et a ainsi multiplié son chiffre d’affaires par 30, sur un terrain pourtant très concurrentiel et détenu par les organismes d’état ou para publics.
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Fort de la confiance des entreprises et du réseau des " anciens ", Jean-Michel BOURGOIS affiche une relative sérénité quant à l'avenir, et table sur une progression de 30 % du nombre d'inscrits pour l'année 2005, sachant qu'aujourd'hui l'Ecole Chez Soi compte environ 3 000 élèves inscrits.

Anne Imbert : On parle de "E-Learning" ou de "E-éducation", de quoi s'agit-il exactement ?

Jean-Michel Bourgois : Ce n'est pas très clair dans l'esprit de chacun. Pourtant "e-learning" et "e-éducation" ne sont pas des notions semblables. Si on revient à l'étymologie des mots, "learning" impose un apprentissage et "éducation" entraîne un façonnage comportemental ou psychologique, ainsi qu'un ensemble d'éléments qui dépasse infiniment la notion d'apprentissage. C'est pourquoi si l'apprentissage par Internet me paraît possible, l'éducation par Internet me paraît excessive.
Personnellement, je sens mal la notion de e-éducation. A moins, qu'elle ne soit la résultante d'une somme de e-learning, qui inconsciemment ou consciemment quand elle est conceptualisée à un niveau plus élevé, atteigne un niveau de e-éducation. Quand vous mettez un ensemble de e-learning bout à bout, vous obtenez un résultat qui le dépasse et le transcende, et qui forcement éduque l'individu.

Anne Imbert : Ecole Chez Soi se situe donc sur du e-learning.

Jean-Michel Bourgois : Ecole Chez Soi se situe essentiellement sur du e-learning. Nos élèves sont des individus dont la base de l'éducation est normalement faite. Ils sont en début ou en cours de vie professionnelle, en développement, en redéploiement, ou en reconstruction de carrière. Nous avons aussi un certain nombre de femmes qui viennent vers nous dans l'optique de retravailler.

Anne Imbert : Dans notre secteur du BTP, quels sont les domaines d'applications et les principales "cibles" de la formation en ligne ?

Jean-Michel Bourgois : Les cibles que nous avons, sont en terme de niveau, les techniciens supérieurs et les ingénieurs. Autour de ses deux niveaux, nous déployons horizontalement et dans deux directions, nos formations.

Nous allons donc parler de métiers qui sont au cœur du BTP, (gros œuvre, constructions métalliques, travaux publics, etc.) et nous nous étendons à partir de là, dans les BTS, sur les parties connexes souvent indissociables du BTP mais qui n'en sont pas partie intégrante (ex : l'aménagement paysager, le métré, la topographie, l'immobilier, etc.)

Nous allons aussi proposer à des élèves, pour qui le BTS n'est plus nécessaire pour démarrer la vie professionnelle, des formations qualifiantes, qui sont dérivées de ces BTS, dans lesquelles nous avons laissé de côté les notions de culture générale, encore attachées à des cursus BTS classiques. Il s'agit généralement de personnes ayant une trentaine d'années, qui travaillent depuis déjà 5 ou 6 ans, et qui ont un petit niveau bac.

Nous avons actuellement 3000 élèves, qui suivent des formations allant du BTS à des niveaux d'ingénieurs et plus. Dans 80 % des cas, nos élèves ont déjà un métier, ont charge de famille, financent eux-même leur formation, et se prennent en charge avec une volonté qui font d'eux des éléments exceptionnels pour l'entreprise qui demain les embauchera, car ce sont généralement des individus à très forte motivation personnelle. De plus, pour une formation d'ingénieur que l'on peut faire sur trois ans, il faut compter chez nous sur un budget d'environ 6000 €, ce qui nous place, très loin au-dessous de toutes les autres formations traditionnelles et qui leur donne toutes les chances de réussir.

Anne Imbert : N'êtes-vous pas en train de vous substituer à l'éducation nationale dans les métiers du bâtiment ?

Jean-Michel Bourgois : Si nous avons actuellement, un tel développement, c'est qu'il y a un manque énorme dans le domaine du BTP, au niveau de l'éducation nationale sur les cours à distance. C'est tout à fait clair ! Nous avons la chance d'avoir comme base de connaissances, l'ensemble des cours de l'ESTP que nous avons su faire évoluer et améliorer en vue du e-learning. Cette base même, est très difficile voire impossible à reconstruire.

Anne Imbert : Pour mettre à niveau et faire évoluer vos cours, trouvez-vous des aides auprès des grands industriels ? Car, nous voyons bien le problème qu'ils rencontrent tous pour trouver des relèves de compétences dans leur métier spécifique.

Jean-Michel Bourgois : Les relations n'ont jamais réussi à se faire. Il s'agit plus d'un problème de relation entre deux secteurs privés. L'entreprise est orientée sur un but qui n'est pas forcement le même que celui d'un organisme de formation même du secteur privé. De plus, en tant que société de formation et d'enseignement, nous essayons d'être impartial, ce qui nous impose de ne pas être trop lié à un constructeur.

Notre problème est donc plus de trouver des professeurs. Il s'agit de trouver des ingénieurs qui ont suffisamment de recul, de connaissances et de temps pour mettre en place une formation spécialisée. Pour exemple, le BTS constructions métalliques a représenté pour celui qui l'a conçu 1500 à 2000 heures de travail, de très haute valeur ajoutée. Il nous faut donc trouver des techniciens, de haut niveau qui ont de l'expérience et qui de plus soient pédagogues… C'est là, notre challenge !

Anne Imbert : qu'est ce que le E-Learning a bouleversé dans vos modes d'enseignement ?

Jean-Michel Bourgois : En matière d'enseignement, pas grand chose puisque l'on s'appuie toujours sur le cours écrit.
Le e-learning apporte quelque chose de plus qui est l'interactivité par rapport à ce qu'on est en train de leur apprendre. Il n'exclut pas le travail indispensable sur le texte et sur les livres.

Il faut savoir que nous travaillons sur toute la francophonie. C'est à dire la France, mais aussi le Canada, les Dom-Tom, l'Afrique etc. Internet nous apporte donc avant tout une réactivité face aux problèmes que nos élèves rencontrent à un instant T. Ainsi, s'ils buttent sur un problème donné, ils peuvent aller, indépendamment de leur fuseau horaire et des heures de bureau sur notre site, soit pour consulter l'ensemble des réponses données au problème en question (dans le " thesaurus "), soit pour poser une question à leur professeur. Ils ont en plus, un " espace élève " qui leur donne un suivi de leurs notes, des corrigés, du niveau qu'ils ont atteint, des phases qu'ils leur restent à valider, etc.

Anne Imbert : Vers quelle évolution vous orientez-vous ?

Jean-Michel Bourgois : Pour Internet, certainement que nous irons dans les mois, ou les années à venir sur des mises en ligne d'évaluations de certaines phases (QCM, exercices d'auto test à faire sur Internet, etc.) Mais l'esprit de l'enseignement restera identique.

Par ailleurs, l'Ecole Chez Soi a en chantier des dossiers d'homologation qu'elle veut mettre en place, parmi la centaine de formations qu'elle propose.

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