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L’étrange mutation de l’église de Sarlat

Publié le 24 janvier 2002

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Le destin bizarre de l’église Sainte Marie de Sarlat et sa rencontre avec l’architecte Jean Nouvel donne naissance au cœur de la cité périgourdine à un monument étonnant.
L’étrange mutation de l’église de Sarlat - Batiweb
Un musée, un marché et un ascenseur de verre dans une église du XIIe siècle, fermée par des portes d’écluses géantes. Ainsi pourrait-on résumer en quelques mots l’étrange église du centre de Sarlat. Mais l’édifice et son histoire méritent un autre éclairage. Dans une ville envoûtante ou l’histoire de France peut se lire comme les strates d’une coupe géologique, l’édifice a subi tous les renversements religieux politiques et guerriers du dernier millénaire. Le monument tour à tour catholique puis protestant eut aussi pour destination le commerce, le théâtre, et fut au gré des époques, salle d’entrepôt, de réunion, de fête et même centre postal. Son dernier statut étant à la fin du XX e siècle, celui de la plus belle ruine de la ville. Sous l’impulsion du maire Jean Jacques de Peretti la vielle église doit maintenant devenir le symbole emblématique de l’entrée dans le 3e millénaire de la cité dorée du Périgord noir. Le maire a en effet confié à l’architecte Jean Nouvel, natif de la ville, le soin de transformer l’édifice, afin qu’il focalise autour de lui la renaissance sociale des vieux quartiers. Le célèbre architecte ne s’est pas fait prier pour sauver l’église. Plus encore que pour une réhabilitation, c’est dans une véritable résurrection qu’il a mis tout son talent. L’acier a ainsi fait une entrée en force dans l’édifice qui, après suppression de son plafond s’est vu doter de mezzanines destinées à recevoir des expositions. Au sol, le corps du bâtiment est appelé à recevoir le marché central de Sarlat. Le péché de gourmandise, dans la capitale du foie gras y sera de rigueur. Passé l’heure du marché, la salle pourra accueillir spectacles et manifestations, tandis qu’un ascenseur céleste, aux parois de verre, emmènera les touristes en haut du clocher, pour admirer, à 27 mètres d’altitude et sur 360°, les magnifiques toits de lauze de la ville. À l’extérieur, deux gigantesques portes métalliques hautes de plus de 15 mètres et pesant plus de 2 tonnes, tout droit sorties d’un fabricant d’écluses rochefortait, viennent habiller la façade de l’édifice. Leur couleur sombre de lauze met en valeur l’architecture ocre du bâtiment. Bien sûr, une telle transformation a déclenché sur les comptoirs de la ville une avalanche de conflits clochemerlesques. Mais, comme le souligne Isabelle Chauvel, la responsable de communication de la ville, "l’esthétique de l’église est aujourd’hui appréciée de la majorité des habitants et sa mission sera bientôt remplie. Un rôle d’ailleurs parfaitement légitime puisque l’édifice surplombe l’actuelle place du marché, anciennement place de la liberté". Le baptême républicain de l’édifice, fixé au 22 juin, débutera par une exposition consacrée à Jean Nouvel. Certains esprits chagrins espèrent toutefois que l’église ne sera pas seulement consacrée au culte de la personnalité du célèbre architecte.

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