Salariés cherchent logements désespérément sur la Côte d'Azur
Comme partout en France, mais plus qu'ailleurs, les prix de l'immobilier sur la Côte d'Azur se sont envolés: multipliés par deux en huit ans sur le territoire national, ils ont presque triplé en six ans dans les Alpes-Maritimes, selon l'Observatoire de l'immobilier de la Côte d'Azur.
Sur le marché du neuf, la moyenne du prix de vente au m2 flirte avec les 5.000 euros contre 2.280 euros en 1999. Les prix sont tirés vers le haut par l'attrait qu'exerce le littoral auprès d'une clientèle européenne souvent aisée. Les ménages aux revenus modestes ne sont pas les seuls touchés par cette crise: la promesse d'un ensoleillement record ne suffit plus à attirer les cadres vers les entreprises de la région.
"Nous avons récemment proposé aux 400 salariés de notre établissement de Brest des mutations sur la Côte d'Azur, témoigne Jean-Philippe Goudeau, directeur de Thales Underwater Systems à Sophia Antipolis. L'offre était assortie d'aides financières à l'installation, mais nous n'avons eu que quatre volontaires."
"La moyenne d'âge de l'établissement de Sophia est élevée, 46 ans, notamment parce qu'il est de plus en fréquent que de jeunes actifs dont la famille s'agrandit quittent le département où ils ne peuvent plus se loger", constate-t-il encore.
L'observatoire de l'immobilier estime qu'il manque environ 2.000 logements par an dans les Alpes-Maritimes pour répondre à la demande. Dans le but d'accueillir de nouvelles constructions, l'Etat a réalisé un inventaire de ses terrains disponibles. Le préfet des Alpes-Maritimes, Pierre Breuil, estime qu'"une dynamique est lancée", notant que le nombre de logements aidés a doublé en trois ans, atteignant 1.500 en 2005. Le conseil général a de son côté achevé le recensement des logements vacants, assorti d'une subvention importante pour la remise en état du bien si le propriétaire s'engage à le louer. En deux ans, près de 200 logements ont été remis sur le marché de cette façon.
Quelques programmes immobiliers innovants, alliant promoteurs privés et bailleurs sociaux, sont également en train de voir le jour, à Nice notamment. "Le problème, c'est qu'on cherche juste à combler un retard, alors que l'allongement de la durée de vie et la destructuration des foyers va rendre ce problème encore plus criant dans les années à venir", estime Jean-Marie Ebel, président de l'Observatoire de l'immobilier.
Il plaide pour une politique active de réserve foncière de la part des communes, encore trop timorées. Cette pratique a pourtant prouvé son efficacité à Valbonne, près de Sophia Antipolis: un terrain préempté par la mairie a été cédé prix coûtant au promoteur Bouygues, chargé de construire 91 appartements exclusivement réservés à des actifs. Prix de vente grâce cette régulation: 2.200 euros le m2.