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À Roubaix, la piscine se fait musée

Publié le 18 novembre 2002

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Au chapitre des étranges mutations, la piscine de Roubaix devrait tenir une place de choix. Le bâtiment Art déco, construit, en 1930, par l'architecte Albert Baert, s'est mis au sec en devenant l'un des plus beaux musées de France
À Roubaix, la piscine se fait musée  - Batiweb
Le problème était le suivant : que faire d'une piscine, en l'occurrence celle de Roubaix, qui ne disposait comme passeport que du label "Patrimoine du XXe siècle" ? Un beau patrimoine certes mais devenu parfaitement inutilisable en raison de son inadaptation. Les édiles de Roubaix ont trouvé la solution : on allait tout simplement en faire un musée. À cela une raison simple : ce bâtiment construit dans les années 30 par un architecte de génie, Albert Baert, et malgré sa dégradation par l'usure et le temps, reste une splendeur architecturale. Autrement dit, il n'était pas question de le raser mais bien de le réhabiliter. Il y a fort à parier que quelques élus éclairés avaient dû visiter la Gare d'Orsay à Paris, transformée depuis en musée avec la réussite que l'on sait. C'est la raison pour laquelle ils prirent rendez-vous avec Jean-Paul Philippon, l'un des coauteurs du musée d'Orsay. Une telle entreprise ne pouvait que séduire cet architecte à l'expérience incontournable. D'autant qu'il disposait d'une entière liberté vu que les lieux réinvestis échappent en général aux règles de protection du patrimoine.

Un musée qui n'a pas fait plouf
Généralement, l'architecte réinvestit l'espace à sa guise. Ici, Jean-Paul Philippon est resté très respectueux de l'esprit des lieux. En effet, Albert Baert avait voué sa piscine au culte de l'esprit autant qu'à celui du corps : ses lieux (salles de sudation, de musculation, bassins) étaient destinés à l'hygiène corporelle. La lumière, les volumes organisés autour d'un patio, la nef du bassin intimaient au lieu un caractère religieux. S'appuyant sur cet acquis architectural, la mutation s'est effectuée sans rupture majeure. L'ancien bassin recouvert d'un ponton de bois, accueille désormais des sculptures. Les anciennes rives de mosaïques et les cabines de douches, en brique émaillée, deviennent des vitrines ou des cabinets de dessin. On effectue ainsi une sorte de parcours libre avant de plonger dans le bassin, devenu le cœur de ce nouvel espace.

Allier tradition et modernité
Trois ans de chantier ont été nécessaires pour retrouver le lustre du décor. Les garde-corps en béton, la brique émaillée et le granito des sols ont été restaurés, les tympans aux verres imprimés et colorés refaits à l'identique et doublés d'une paroi de verre extérieure. L'immense voûte, rongée par l'humidité et le chlore, a reçu une couverture d'inox plombé et un habillage en plaques de plâtre perforé cintré permettant de contrôler l'ambiance acoustique. Seul ajout majeur : deux extensions en pierre et béton préfabriqué s'inscrivent dans la géométrie du lieu pour compléter le programme. L'une agrandit l'espace d'exposition en bouclant le parcours autour du patio. L'autre cadre l'entrée derrière la façade conservée d'une ancienne usine et abrite la salle des expositions temporaires et l'auditorium. Au final, un bâtiment assez étonnant qui allie parfaitement tradition et modernité. Par cette réalisation, la ville de Roubaix a voulu démonter qu’il n’y avait qu’un pas à franchir pour passer de la culture physique à la Culture tout court.

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