Ateliers Jean Nouvel : trois anciens cadres jugés pour détournement de fonds

Un scandale financier secoue actuellement le monde de l’architecture. Trois personnes, dont deux anciens cadres des Ateliers Jean Nouvel (AJN), seront prochainement jugées au tribunal correctionnel de Paris pour abus de confiance, abus de biens sociaux, faux et usage de faux.
Jean Nouvel, figure majeure de l’architecture contemporaine, connu pour des réalisations emblématiques comme la Philharmonie de Paris, la Fondation Cartier, l’Institut du monde arabe ou encore le Musée national du Qatar, est au cœur d’une affaire où il apparaît pourtant comme victime.
10 ans d'enquête
En 2014, ses Ateliers portent plainte après avoir découvert de graves irrégularités dans la gestion financière de la société. L’enquête, longue de plus de dix ans, révèle un système de détournement de fonds mis en place entre 2007 et 2013.
L’homme soupçonné d’être à l’origine du dispositif frauduleux est Michel Pelissié, ancien président d’AJN et ami d’enfance de Jean Nouvel. Il aurait mis en place des montages financiers opaques, permis par la complicité de certains cadres de la société. Michel Pelissié étant décédé en 2022, il ne sera pas jugé, mais trois autres personnes sont renvoyées devant la justice.
Gérard Juteau, ancien directeur administratif et financier, est accusé d’avoir détourné des fonds au profit de Michel Pelissié ou de lui-même, en falsifiant la comptabilité et des factures entre 2009 et 2012. Maryline Brindejonc, ancienne cheffe comptable puis directrice administrative et financière, aurait contribué à la tenue d’une comptabilité irrégulière et à la falsification de documents entre 2009 et 2013.
Sylvain Goulard, à la tête à l’époque d’une société d’aménagement intérieur, est soupçonné d’avoir encaissé des sommes pour des études fictives à Doha et Abou Dhabi, participant ainsi au blanchiment des fonds détournés.
L'architecte Jean Nouvel mis hors de cause
Jean Nouvel, entendu à plusieurs reprises au cours de l’enquête, a été placé sous le statut de témoin assisté. Il n’est mis en cause à aucun moment, et les investigations ont confirmé qu’il n’avait jamais eu de responsabilité directe dans la gestion financière des Ateliers.
Dès la découverte des malversations, il avait d’ailleurs déposé plainte, se disant trahi par un ancien associé dont il était séparé depuis deux ans. Interrogés par l'AFP sur ce renvoi en procès, les Ateliers Jean Nouvel n'ont pas souhaité réagir.
Par Marie Gérald