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Personne ne veut de l’incroyable Kiosque de Stella

Publié le 18 novembre 2002

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Initialement destiné à orner l’entrée du stade de base-ball de Miami, l’étrange kiosque à musique du sculpteur Franck Stella attend, dans les chantiers navals de Cherbourg, un nouvel acquéreur
Personne ne veut de l’incroyable Kiosque de Stella - Batiweb
Après avoir été refusé par ses commanditaires initiaux, le kiosque à musique du sculpteur Franck Stella cherche toujours aujourd’hui un nouvel acquéreur. En matière d’œuvres gigantesques et complexes, le sculpteur n’en est plus à son coup d’essai. On ne compte plus, sur le continent américain, ses ouvrages aux formes monumentales et futuristes. Pour réaliser son Kiosque à musique l’artiste a fait appel à RFR, un cabinet d’ingénieurs passés maîtres dans l’art de faire oublier à la matière ses contingences physiques. Le travail de ces ingénieurs se situe depuis plusieurs années à la frontière entre architecture et ingénierie. Ils revendiquent en effet une recherche permanente vers une cohérence profonde entre ces deux disciplines. L’équipe, d’une trentaine d’ingénieurs et architectes, travaille dans la multiplicité des nationalités. Ce riche mélange d’expériences trouve son reflet dans la diversité des projets qui lui sont confiés. Ces derniers vont du génie civil, viaducs, ponts et passerelles, jusqu’à des projets de moindre échelle et souvent de caractère plus avant-gardiste, comme lors des collaborations avec Frank Stella. Si les ingénieurs de RFR connaissaient déjà la difficulté géométrique que pourrait présenter un projet de Frank Stella, cette nouvelle commande leur a cependant offert un nouveau challenge.

Des ingénieurs sans limites
Les sculptures déjà mises en œuvre par les ingénieurs étaient jusque là réalisées en bois et composites, des matériaux flexibles se prêtant bien à la réalisation de formes tordues. Cette fois-ci, la taille de la sculpture, 11m de haut par 15m de large, et la nature extrême du site imposaient une certaine résistance. La sculpture devait en outre résister aux ouragans, qui sont, en Floride, aussi fréquents que destructeurs. L’étrange Kiosque est donc constitué de rubans d’acier composés de 2 tôles de 4 mm formant des profils creux soudés. Ces tôles sont raidies par des raidisseurs internes qui transmettent le cisaillement et servent de forme pour le gauchissement des parois externes. La réalisation de courbes lisses et homogènes a bien sûr imposé l'utilisation de tôle aussi mince que possible. L’ensemble forme un futuriste jeu de pétales, fins et légers, qui s’enroule en spirale vers un anneau zénithal. Ces monumentales volutes s’entrecroisent à l’aide d’un système de poutres triangulaires qui en assure la stabilité. Devant la complexité structurelle de l’œuvre, on mesure les prouesses techniques et mathématiques réalisées par les ingénieurs afin de donner naissance aux formes voulues par l’artiste. Après un début de chantier à Long Island (US) la construction fut interrompue puis confiée, sous la maîtrise d’œuvre du cabinet RFR, aux chantiers navals de Cherbourg. Le Chantier normand est en effet l’un des rares à disposer du savoir-faire nécessaire l’élaboration d’un ouvrage aussi grand et complexe. Mais les travers de l’économie sont imprévisibles. La ville de Miami ayant annulé sa commande, le kiosque de Frank Stella attend désormais sous les hangars des chantiers navals de Cherbourg un nouvel acheteur. Sa taille et sa complexité ne le mettent malheureusement pas à la portée de tous les sites. Pour les ingénieurs de RFR, l’œuvre serait idéale pour habiller la proue de l’Ile Seguin.

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