TPE : un deuxième trimestre marqué par l’usure mentale

Le moral des dirigeants de très petites entreprises ne se redresse pas. Selon l’enquête menée fin juin par le SDI auprès de 1 608 chefs d’entreprise, 86 % décrivent un état d’esprit négatif, entre inquiétude (41 %) et désabusement (27 %). Plus inquiétant encore, 48 % déclarent avoir envisagé d’arrêter leur activité pour des raisons psychologiques, et 80 % se sentent isolés. Ce mal-être structurel se renforce trimestre après trimestre, sur fond de tension économique durable.
Une activité toujours fragilisée, malgré une accalmie relative
Après une chute brutale au T1, l’activité reste orientée à la baisse pour une majorité de TPE. 54 % des répondants signalent une baisse de leur chiffre d’affaires entre avril et juin. C’est mieux que les 69 % du trimestre précédent, mais les indicateurs de consommation demeurent alarmants : 81 % constatent une baisse du panier moyen côté B2C, et 78 % une diminution des commandes en B2B. Cette lente érosion se traduit directement sur la rémunération des dirigeants : 51 % d’entre eux ne dépassent pas le SMIC, pour en moyenne 50 heures de travail hebdomadaire. Une situation qui, selon l’étude, tend à s’installer malgré les variations d’activité.
Banques et PGE : des relations toujours tendues
Les difficultés de trésorerie restent le lot quotidien de plus d’une TPE sur deux (54 %), et l’accès au crédit reste un point de tension. Si le taux d’acceptation des crédits de trésorerie progresse à 76 %, contre 70 % au T1, le SDI souligne que cette amélioration tient surtout au fait que les entreprises les plus fragiles ont déjà fermé. À l’inverse, les demandes de crédits d’investissement reculent légèrement, et les tentatives d’étalement de PGE sont massivement refusées (dans 81 % des cas). À ce jour, un tiers des dirigeants remboursent encore leur PGE, mais 59 % rencontrent des difficultés à le faire, quitte à restreindre leur rémunération ou leurs investissements.
Embauche toujours freinée par les charges
Avec seulement 14 % des TPE en phase de recrutement, l’embauche reste marginale. Parmi elles, 96 % font face à des difficultés, principalement liées à l'absence de candidatures, au manque de compétences ou à la faible motivation des postulants. Chez les autres, le niveau des charges sur les salaires est le principal frein (cité par 58 % des dirigeants), loin devant la situation économique ou politique. Alors que 86 % des dirigeants de TPE n’embauchent pas, le potentiel de rebond du secteur reste conditionné à une réforme structurelle du coût du travail.
Par Jérémy Leduc