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London Bridge, quand l’âme de Londres se vend à l’Amérique

Publié le 15 avril 2002

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Dans l’esprit du capitalisme Anglo-saxon c’est la loi de l’offre et de la demande qui gouverne. Un principe auquel même les plus vieux monuments britanniques ne résistent pas
London Bridge, quand l’âme de Londres se vend à l’Amérique - Batiweb
Certes, n’y a-t-il pas qu’un seul pont à Londres, mais il en est un plus célèbre que les autres, c’est le London Bridge sur la Tamise. Ce pont-là fut érigé une première fois en 1209 et tint bon six siècles durant. Il fut reconstruit en 1831 et devait tenir plus d’un siècle avant qu’il ne soit décidé de le remplacer une nouvelle fois en 1971. Dans un souci d’économie, les autorités anglaises décidèrent de le vendre. Il faut bien avouer que celles-ci avaient sûrement quelque idée derrière la tête. En effet, à des milliers de kilomètres de là, aux Etats-Unis et plus exactement en Arizona se jouait une curieuse partie. Un milliardaire américain, Robert McCulloch, à bord d’un de ses avions, survolait le Lac Havasu qui sert aussi de frontière entre la Californie et l’Arizona. Ce lac n’en est pas tout à fait un puisqu’il sert également de réservoir au barrage de Parker. Toutefois, l’étendue d’eau de 72 kilomètres est assez impressionnante. L’homme était à la recherche d’un site pour tester ses hors-bord. C’est alors qu’il remarqua une base de l’armée américaine désaffectée. Il eut alors, comme aux meilleurs temps de la ruée vers l’or, la vision d’une ville nouvelle où il pourrait mener à bien ses différentes entreprises. Aussi fou que cela puisse paraître, il n’est que dans ce pays, là où l’espace n’est pas compté, qu’un tel rêve est possible. De la parole aux actes, il n’y a qu’un pas et Mc Cullcoh confia la réalisation de son projet à un certain C.V. Wood, un urbaniste qui avait travaillé sur le projet de Disneyland ! En 1963, la ville de Lake Havasu vit enfin le jour. En 1968, la ville était déjà prospère.

Une ville sans pont n’est pas une vraie ville
Mais revenons en Angleterre. À Londres, un certain Ivan F. Lucking proposa à la ville de lancer une campagne pour tenter de vendre le London Bridge. L’idée de cet homme était simple. Il pensa vraisemblablement que dans ce pays sans histoire que sont les Etats-Unis, il y aurait bien un riche excentrique pour acheter un aussi vieux pont. Aussi fut-il décidé, non pas de fixer un prix, mais de le mettre aux enchères. Le calcul était juste. McCulloch le milliardaire recherchait en effet un pont afin de franchir un canal qui restait à creuser afin d’améliorer l’écoulement des eaux dans le lac Havasu. Le London Bridge ne pouvait que l’intéresser. Avec son compère urbaniste Wood, ils évaluèrent alors le coût du démantèlement, du transport et de la reconstruction du London Bridge, à 1,2 million de dollars. Imaginant que ses concurrents feraient de même, ils ajoutèrent la somme de 1 000 dollars pour chaque année de vie de McCulloch. Et c’est ainsi que le milliardaire se présenta aux enchères avec une offre à environ 2,5 millions de dollars. Avant même que l’offre ne soit acceptée, un journal anglais titra : "Le pont de Londres tombe aux mains des Apaches. " Bien évidemment, l’offre de McCulloch fut retenue. En raison de son nom – très écossais – ou bien parce qu’il était le seul homme en lice ?
Toujours est-il qu’il fallut trois ans pour démanteler, transporter et reconstruire le pont dans le désert. La tâche fut néanmoins laborieuse et difficile. L’opération, supervisée par un ingénieur civil britannique, Robert Beresfort, fut menée à bien en trois ans. Une nouvelle structure en béton armé fut édifiée sur laquelle furent tout simplement plaqués les blocs de granit. Cette seule opération demanda tout de même un an et demi de travail. Bref, en 1971, le pont était inauguré, pour la deuxième fois de sa vie, au-dessus du canal tout neuf, creusé dans les sables du désert texan. Ce transfert du pont de Londres fut une opération ingénieuse qui permit aux habitants de ce bout terre surchauffé de s’approprier un peu d’une histoire qui, à défaut d’être la leur, était celle de leurs ancêtres. Et McCulloch d’avoir fait une bonne opération : il avait dans sa bonne ville de Lake Havasu l’un des plus fameux édifices de la capitale Britannique. On appelle aussi cela : le rêve américain.

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