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Querelle de clocher sur fond d’église décapitée

Publié le 21 juillet 2004

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A Saint Chamond (Loire) l’église Notre Dame est au centre d’une guérilla digne du début du siècle. Un conflit municipal au cours duquel l’une des grandes flèches de l’église s’est retrouvée, brutalement, guillotinée.
Querelle de clocher sur fond d’église décapitée - Batiweb
Le coup de théâtre à lieu le 25 mai dernier, quand les autorités municipales ont brutalement décidé l’évacuation de tous les résidents du quartier de l’église Notre Dame. Une décision faisant suite au risque imminent d’effondrement de l’église annoncé par les experts. Depuis, les choses se sont accélérées.

Le 3 juin, mandatée par la mairie, l’entreprise Pyramid attaquait dans l’urgence l’écrêtage de la flèche nord de l’édifice. Un coup de guillotine fatal suivit de facto par un violent vent de fronde d’une grande partie de la population contre le maire. Mais cette atmosphère de révolte dont l’origine date d’une vingtaine d’années, ne va sûrement pas s’arrêter avec la chute de cette première tête. L’entreprise a en effet reçu pour mission de couper net et le plus rapidement possible la deuxième flèche du monument.

La chute des flèches de l’église est en fait le tout dernier épisode d'un feuilleton qui dure depuis plus de vingt ans à Saint Chamond. Construite à la fin du 19e siècle, l’église Notre Dame, financée par les familles bourgeoises de la ville, n'a jamais été très solide. Au dire des habitants, «Les riches de l'époque voulaient bien acheter leurs places au paradis, mais à moindre prix. Leur radinerie a conduit à utiliser de la pierre de mauvaise qualité. Pour eux l'église Notre-Dame ne devait pas durer l'éternité, mais seulement cent ans…».

Cette hypothèse devait malheureusement se vérifier un siècle plus tard, dans les années 80. Durant cette décennie les chutes de pierres se firent de plus en plus importantes. D’abord ceinturé, l’édifice fut peu à peu recouvert d’échafaudages de fortune sans pour autant que les édiles ne se décident à une réelle restauration.

Il faut dire que le budget représenté par la reconstruction des deux flèches de 63 mètres avait de quoi «rafraîchir» bien des partisans du sauvetage. En 89, la gauche cédait son siège à la droite. Une fois passées les promesses électorales, ce changement devait diviser la ville entre les tenants de la reconstruction et ceux d’une pure et simple démolition.

Pris entre ces deux feux, le Conseil municipal tentait au coup par coup de tenir le fragile bâtiment par une série d’interventions ponctuelles de réhabilitations locales menées par les différents corps d’état. Une attitude à la longue coûteuse et qui au final provoquait une hausse toujours plus grande de la tension et des invectives lors de chaque réunion du conseil. Le Maire Monsieur Ducarre exacerbé par la tournure du conflit, devait même proposer un référendum entre les factions pour trancher le débat. On le sait désormais, la consultation n’a pas eu le temps d’avoir lieu, l’ouvrage à tranché de lui même.

Néanmoins, la querelle n’a pas pour autant pris fin. Les Verts prenant la tête des opposants au maire, accusent aujourd’hui ce dernier d’avoir acheté à prix d’or un échafaudage aussi définitif qu’inutile. En réponse, ce dernier, avançant un soucis d’esthétique va, au bout des choses en prenant la décision de décapiter aussi la deuxième tour. Une initiative qui devrait de nouveau générer son lot de protestations.

En attendant, c’est pièce par pièce que l’entreprise Pyramid du Chambon-Feugerolles démonte le monument. Chaque pierre calcaire une fois découpée pèse cinquante kilos. Au total ce sont déjà plus de 400 tonnes, rien que pour de la première flèche, qui auront bientôt rejoint le sol. Par la suite et en guise de point final, une technique originale devrait empêcher tout effondrement supplémentaire des tours. L’opération, une première du genre, consistera à gonfler dans l’édifice un gigantesque ballon de PVC. Un ballon sûrement aussi gros que la solide querelle de clocher qui encore longtemps, fera rage autour de l’église…

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