Bouygues se retire de la course à la privatisation des autoroutes
"L'appel d'offres en cours, relatif à des infrastructures déjà construites, relève d'une logique essentiellement financière qui ne correspond pas à la vocation d'entrepreneur de Bouygues", a justifié le groupe.
"Pour investir dans les concessions d'infrastructures, Bouygues privilégie les opérations dans lesquelles il peut valoriser, de la manière la plus complète, ses compétences: conception, construction, exploitation, maintenance et financement de l'infrastructure", a-t-il poursuivi.
Bouygues faisait partie jusqu'à aujourd'hui des candidats attendus, selon la presse et les analystes, aux côtés de Vinci et d'Eiffage, pour participer à la privatisation des sociétés d'autoroutes, relancée dans son principe par le Premier ministre Dominique de Villepin à son arrivée à Matignon.
Le 18 juillet, le ministère de l'Economie a lancé un appel à candidatures, avec remise des offres le 22 août, pour vendre ses participations dans les Autoroutes du Sud de la France (ASF), la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef) et Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR). La désignation définitive des lauréats est prévue pour l'automne.
Selon certains analystes, cette formule permet à l'Etat de maximiser le prix des cessions, qui pourraient faire rentrer jusqu'à 12 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat, mais risque d'aboutir à la définition de prix élevés, et compliquer d'autant les cessions. Le gouvernement souhaite également privilégier le numéraire.
Pour Bouygues, ce n'est pas une question d'argent. "La capacité d'investissement de Bouygues lui permettrait d'acquérir une des trois sociétés autoroutières sans incidence sur sa notation de crédit", a-t-il souligné jeudi. Mais, explique-t-il, "une telle acquisition aurait mobilisé des capitaux importants, et aurait réduit la possibilité d'investissement du groupe dans d'autres projets (...)".
L'Etat, qui a choisi une procédure d'appel à candidatures pour céder ses parts de gré à gré dans les sociétés d'autoroutes, s'est aussi ménagé la possibilité de vendre à tout instant ses participations sur le marché, selon le cahier des charges de Bercy.
Selon une source proche du dossier, cette clause a été ajoutée comme un signal de l'Etat, mécontent que les groupes de BTP français se soient répartis par avance les trois concessionnaires. L'appel d'offres est également ouvert aux investisseurs étrangers.