Energie et industrie: Poutine cherche à rassurer les Européens
Après avoir retiré une licence à Shell, la Russie a exercé des pressions sur Total, et selon des informations de presse, le Britannique BP pourrait voir à son tour ses projets en Russie menacés, suscitant l'inquiétude des pétroliers. France et Russie ont signé vendredi des accords en matière aéronautique et de transport (notamment pour la construction d'une autoroute Saint Petersbourg-Moscou par Vinci), pour plus de 10 milliards de dollars, a déclaré le président russe. Il s'est également voulu rassurant sur les approvisionnements énergétiques de la Russie vers l'Europe. L'UE peine en effet à établir un "partenariat énergétique" avec Moscou, qui lui fournit le tiers de son gaz.
"Nous avons l'intention de remplir toutes nos obligations vis-à-vis de nos partenaires européens", a assuré M. Poutine. Il a rappelé que la chancelière allemande lui avait déjà demandé si la Russie pouvait réorienter ses approvisionnements énergétiques vers l'Europe occidentale, ce qu'il juge "tout à fait possible". Le géant russe "Gazprom réfléchit à cette possibilité", a-t-il précisé. Pour sa part, Mme Merkel a averti que "notre coopération doit être basée sur le fait que nous sommes des partenaires fiables". Ces rencontres tripartites France-Russie-Allemagne existent depuis 1998 et sont conçues essentiellement comme un échange de vues. Jacques Chirac et Angela Merkel ont assuré qu'elles ne sont "dirigées contre personne".
"C'est un signe fort à l'égard de l'Union européenne" qui entend avoir d'excellentes relations avec Moscou, a estimé M. Chirac, en précisant que la Russie serait invitée au Conseil européen le 22 octobre à Lahti (Finlande). "Nous avons des intérêts partagés", a jugé Mme Merkel, qualifiant ces rencontres d'"utiles et constructives". La chancelière avait cherché à rassurer ses partenaires polonais et baltes qui craignent que ce type de rencontres ne renforce la domination de la Russie et de l'Allemagne sur le nord de l'Europe. Sur le plan diplomatique, les trois dirigeants ont fait part de leur "volonté commune" de participer aux processus de paix "partout où c'est nécessaire dans le monde" et rappelé les grands principes de leur action, au Proche-Orient, au Liban et en Iran. M. Chirac a exclu tout "couperet" dans les négociations en cours sur le dossier nucléaire iranien, et M. Poutine a confirmé l'envoi d'un contingent du génie au Liban, en dehors du cadre de la Finul.