Immobilier: la BCE met en garde contre les risques d'inflation
"Tant l'accumulation de liquidités sur une longue période de temps que la récente accélération de la croissance de la masse monétaire et des crédits signalent des risques. Ces risques pourraient devenir plus grands si la reprise économique accélère", a-t-il expliqué.
Dans son dernier rapport mensuel, la BCE notait déjà qu'il "y a significativement plus de liquidités dans la zone euro qu'il n'en faudrait pour financer une croissance non inflationniste".
La croissance de la masse monétaire M3, qui rassemble les liquidités rapidement disponibles, ne cesse de s'accélérer depuis plusieurs mois, jusqu'à atteindre 6,4% sur un an en décembre, alors que la banque centrale ne tolère en théorie qu'un rythme maximal de 4,5% par an.
"Nous sommes attentifs et prêts à agir si la probabilité d'une accélération de l'inflation augmente", a prévenu M. Papademos. La BCE n'a plus modifié son taux de référence (2%) depuis juin 2003 et ne semble pas encline à le relever à très court terme, eu égard notamment à la faiblesse de la croissance économique en zone euro.
Dans le même temps, ses dirigeants ont exprimé ces dernières semaines des préoccupations grandissantes concernant la flambée des prix de l'immobilier dans certains pays, comme en France ou en Espagne, encouragée à leurs yeux par le faible coût du crédit en zone euro.
"La hausse des prix de l'immobilier dans certains pays de la zone euro, mais aussi aux Etats-Unis, est préoccupante", a indiqué un autre membre du conseil des gouverneurs de la BCE, le Néerlandais Nout Wellink, dans une interview également publiée lundi par le Financial Times Deutschland. "L'influence du prix des actifs, immobiliers ou boursiers par exemple, sur l'ensemble de l'activité économique est aujourd'hui bien plus grand qu'autrefois", a ajouté le gouverneur de la banque centrale des Pays-Bas. M. Papademos a rappelé de son côté que d'éventuelles bulles sur les marchés de l'immobilier seraient "préjudiciables", en raison des effets potentiellement dévastateurs en cas de correction brutale à la baisse des prix.
Le chef économiste de la BCE, Otmar Issing, avait déjà estimé dans une tribune la semaine dernière qu'un dérapage du prix des actifs, notamment immobiliers, pouvait avoir des conséquences "dévastatrices pour les banques, les entreprises, et les ménages."