JO-2004/économie : les efforts d'abord, et peut-être ensuite le réconfort
Olympiques permettront d'attirer ces prochaines années les touristes et les investisseurs étrangers pour couvrir les très importants investissements réalisés pour l'organisation de ce rendez-vous.
Dans l'immédiat, ces espoirs semblent toutefois loin de se matérialiser alors que les dépassements des dépenses olympiques ont terni la récente réputation de rectitude budgétaire qui avait été durement gagnée.
L'économie grecque a payé près de huit milliards d'euros -plus de 5% du produit intérieur brut (PIB)- pour les jeux Olympiques (13-29 août).
Plus de six milliards d'euros ont été dépensés par le gouvernement dans de nouveaux stades, des routes et pour la sécurité des Jeux.
Les dépenses des sociétés privées sont estimées à 1,5 milliard d'euros, avec notamment une pléthore de rénovations dans le secteur des services, des hôtels à la flotte des taxis.
"Nous estimons que le succès des Jeux attirera 450.000 touristes supplémentaires d'ici 2011. En soi, cela peut apporter 1,1 milliard de dollars (0,91 M EUR) supplémentaires, ou 0,6% du PIB par an, à l'économie grecque", a pour sa part affirmé la ministre adjointe à la Culture, Fanny Palli-Pétralia, en charge des Sports.
Les recettes liées au tourisme représentent 15% du PIB, tandis que plus de dix millions de vacanciers visitent chaque année le pays. Le rêve de voir un afflux de touristes avant les Jeux a toutefois été anéanti par la stagnation des économies européennes, les craintes du terrorisme et les retards des constructions olympiques, qui ont nui à l'image du pays.
"L'exploitation (commerciale) de la période pré-olympique a été perdue (...) et nous devons exploiter les opportunités pour l'après-Jeux", a dit Mme Palli-Pétralia, prenant acte des prévisions à la baisse du nombre de visiteurs pour 2004 qui pourrait chuter de 5% par rapport à 2003.
Selon le Centre public de planification économique (KEPE), la frénésie dans le secteur des travaux publics a déjà dopé la croissance grecque, actuellement à 4% du PIB, en lui faisant gagner 0,2 points par an depuis 2001.
Mais la fin des Jeux pourrait mettre un terme à ce boom.
La confiance était ainsi en berne en juin, après quatre mois de chute, dans les entreprises de construction, jusque là les plus gâtées, selon une étude de la Fondation de recherche économique et industrielle (IOBE). Cet indicateur s'établissait à 105,8 points, en régression de 35% par rapport au record de mars 2000.
Et le doute plane sur la viabilité financière de la quarantaine d'ouvrages olympiques.
"Les nouvelles infrastructures peuvent être un héritage positif, mais il y a un risque de surendettement dont le remboursement demandera des années", a récemment mis en garde le cabinet de consultants Pricewaterhouse Coopers.
Les Jeux ont déjà fait replonger le budget dans le rouge, après des années d'assainnissement en vue de l'ancrage à l'euro.
Le déficit public grec a dépassé en 2003 la limite des 3% fixée par le Pacte de stabilité, et l'Union européenne a officiellement placé le pays sous surveillance.
En outre, selon une étude de l'université de Salonique commandée par le gouvernement, l'entretien des ouvrages olympiques pourrait coûter plus de 100 millions d'euros par an.
La Grèce est le premier pays d'accueil, depuis les Jeux de Moscou en 1980, à avoir financé les ouvrages olympiques sur les seuls fonds publics.
"A titre personnel, j'aurais impliqué le secteur privé dans la préparation, via des partenariats", a relevé M. Doukas, dans une critique des options retenues par le précédent gouvernement socialiste, battu aux législatives du mois de mars.
Le nouveau gouvernement conservateur espère du coup pouvoir conclure avec le privé des contrats de location à long terme des ouvrages olympiques, ou céder une partie des actions.
Outre le chiffre d'affaires généré par l'afflux de visiteurs pendant les Jeux, et estimé à quelque 7 milliards de dollars (5,82 M EUR) par le KEPE, M. Doukas juge que les Jeux seront bénéfiques, à long terme, pour le secteur privé.