L'Inde va demander une aide pour sa reconstruction, dont la facture augmente
"L'Inde va accéder à un financement international, y compris provenant d'agences financières multilatérales" pour la reconstruction, a précisé plus tard son ministère dans un communiqué. New Delhi avait jusque-là refusé toute aide étrangère pour les secours immédiats, un choix considéré par les observateurs comme un moyen de renforcer son image de puissance régionale, et critiqué par certaines organisations non gouvernementales.
"Nous avons été accusés d'isolationnisme, mais ce n'est pas vrai", a déclaré le ministre, précisant que les secours sont une "première phase", tandis que la reconstruction appartient à une seconde étape. "Nous estimons être un pays suffisamment grand pour fournir des secours (...) et nous aidons aussi le Sri Lanka et les Maldives", a-t-il ajouté. "Nous sommes fiers d'assumer cette charge, mais dans les temps à venir la réhabilitation et la reconstruction vont requérir des investissements très importants".
Le bilan provisoire des raz-de-marée en Inde a atteint vendredi 9.995 morts et 5.689 disparus, pour la plupart présumés morts, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Par ailleurs les autorités estiment à 1,6 milliard le coût de la reconstruction en Inde continentale, selon ce ministère, qui a revu vendredi ses estimations à la hausse par rapport à la veille. Or, cette estimation ne comprend pas les dommages causés dans les archipels indiens des Andaman et Nicobar (est), où l'évaluation est toujours en cours.
Les équipes "qui se sont rendues dans les Etats affectés du Tamil Nadu, du Kerala, d'Andhra Pradesh et à Pondichéry (sud et sud-est), sont revenues", explique le ministère dans un communiqué. "Ces Etats et territoire de l'Union (Pondichéry, ndlr) ont estimé le coût de la reconstruction à 1,56 milliard de dollars". Selon la presse locale, les dommages aux Andaman et Nicobar --500 îles et îlots à 1.000 km à l'est de l'Inde continentale, dont seulement 38 sont habités-- se monteraient à 600 millions de dollars.
Sur le continent, 2.260 km de côtes, 900 villages et des dizaines de milliers de pêcheurs ruinés ont été affectés. Vendredi, près de 370.000 personnes étaient encore hébergées dans quelque 600 "camps", souvent des temples, des églises ou des salles municipales, manquant parfois de l'essentiel.
Ainsi, à Akkaraipettai (Etat du Tamil Nadu, sud), un correspondant de l'AFP a pu visiter un temple hébergeant 1.400 personnes, sans sanitaires, avec pour seul moyen de se laver, une rivière située à un kilomètre. "Il est difficile de dire combien de temps ça va durer. On peut se débrouiller comme ça durant au moins cinq ou six mois", a assuré un responsable local, K. Rangarajan, faisant sortir de ses gonds l'un des sinistrés: "Ce ne sont pas les employés gouvernementaux, c'est nous. Ils ne se rendent pas compte de notre situation. Ils disent n'importe quoi. C'est à nous de dire si on peut se débrouiller ou pas".
L'Inde, où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté (1 dollar par jour), mais dont le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 8,2% entre mars 2003 et mars 2004, va cependant garder une croissance vigoureuse, affirment les experts locaux. La banque centrale indienne estime ainsi que la croissance du PIB de l'année financière 2004 devrait s'établir à 6 ou 6,5%.