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La protection du littoral en panne de moyens

Publié le 16 septembre 2004

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PARIS, 14 sept 2004 (AFP) - Le gouvernement a accordé pour 2005 une
rallonge de 8 millions d'euros au Conservatoire du littoral, sans trancher sur
les moyens nécessaires s'il veut tenir l'objectif du "tiers sauvage" fixé il y
a trente ans: un tiers des côtes françaises protégées de l'urbanisation en
2030.
Un Comité interministériel (CIADT), réuni mardi à Matignon, a rétabli in extremis le budget du Conservatoire du littoral, initialement amputé de 42,5% dans le projet de loi de finances 2005. Au-delà de cette bouffée d'oxygène, le gouvernement lance une "réflexion sur la pérennisation des ressources du Conservatoire", qui acquiert des espaces remarquables du littoral. Il y a urgence: le littoral français suscite bien des appétits, et la Loi votée en 1986 n'a pas empêché constructions neuves et résidences secondaires de pousser comme des champignons.

Selon un rapport de la Datar publié la semaine dernière, la densité de population sur les côtes est déjà deux fois et demi supérieure à celle du reste du pays. Il devrait accueillir 3,4 millions d'habitants supplémentaires d'ici 2030. Pour empêcher un bétonnage accru des côtes, le gouvernement a deux outils: la loi Littoral de 1986, et le Conservatoire créé en 1975. Ce dernier a peu à peu acquis 10% des côtes françaises. Mais ses moyens ne suivent pas: une fois les terrains acquis, il faut les remettre en état, aménager des sentiers, détruire parkings et restaurants qui défigurent les sites les plus remarquables. Dans un rapport il y a 3 ans, le sénateur socialiste Louis Le Pensec préconisait un doublement des moyens du Conservatoire, qui emploie aujoud'hui une centaine de personnes ... pour gérer 70.000 hectares. A titre d'exemple, un seul délégué supervise l'ensemble des départements d'outre-mer, dont les forêts tropicales et les fonds marins sont pourtant exceptionnels. A côté de l'Etat, les collectivités mettent depuis longtemps la main au portefeuille pour aider à aménager et ouvrir les sites au public. Le Comité interministériel de mardi les autorise à déduire la TVA de leurs travaux d'aménagements. Un petit pas, quand il en faudrait bien plus pour inverser la tendance des communes à distribuer les permis de construire, remarque Benoist Busson, conseiller juridique à l'association écologiste France Nature Environnement.

"Une commune a tout intérêt à autoriser les constructions, qui lui rapportent en taxes, alors qu'elle ne gagne rien à protéger ses territoires", déplore-t-il. Les élus font pression pour assouplir les règles d'urbanisation de la Loi littoral (interdiction de construire sur la bande des 100 m, limitations dans la zone proche du littoral), qui freine selon eux le développement économique. Deux rapports parlementaires s'en sont fait l'écho cet été. "La loi Littoral sera conservée en tant que telle", ont assuré mardi les ministres de l'Ecologie Serge Lepeltier et de l'Equipement Dominique de Robien, annonçant de simples aménagements par le biais des décrets d'application. Un décret réglementant les concessions sur les plages, les fameuses "paillotes", est particulièrement attendu. Selon Benoist Busson, une première version proposant le démontage des paillotes au bout de six mois (mai-octobre) a soulevé un tollé chez les élus. "Des portions entières du littoral sont privatisées par des plagistes et restaurateurs, comme à Cannes ou Saint-Tropez", dénonce-t-il. La loi Littoral pose le principe de la libre circulation du public le long des plages. Ce dont il ne se prive pas, lorsqu'il peut y accéder: 30 millions de Français visitent chaque année les sites du Conservatoire.

Par Marie-Pierre FEREY

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