Monsieur Raffarin en Roumanie: avancées sur les adoptions et contrats
a conforté lundi à Bucarest les liens privilégiés entre la France et la
Roumanie, dans la perspective de l'Europe à 27, et obtenu des avancées sur le
dossier très sensible des adoptions d'enfants.
"La France est aux côtés de la Roumanie (...) Nous pensons qu'il est possible d'obtenir la fin des négociations d'adhésion en décembre et la signature du traité d'adhésion au début 2005", a martelé M. Raffarin lors d'une conférence de presse avec son homologue Adrian Nastase. Paris, qui a déjà envoyé des conseillers à Bucarest pour aider à la modernisation du système judiciaire roumain, va ainsi renforcer sa coopération technique dans le domaine de la réforme de l'Etat et des infrastructures, a-t-on indiqué dans l'entourage de M. Raffarin.
Le 6 octobre, la Commission européenne a maintenu l'objectif d'une adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l'UE au 1er janvier 2007. Elle s'est toutefois montrée prudent sur la possibilité de conclure les négociations d'adhésion avec Bucarest d'ici la fin de l'année. L'adhésion des deux pays pourrait en être retardée d'un an, à janvier 2008, s'ils ne sont pas prêts à temps, Bruxelles jugeant notamment que la corruption reste trop répandue en Roumanie.
Une fois dans l'UE, la Roumanie, pays très francophile, constituera un allié privilégié pour la France à l'est de l'Europe. "Dans une Europe à 27, aucun pays ne peut prétendre avoir à lui seul de l'influence. Il faut dégager des alliances, construire des partenariats", a souligné M. Raffarin. Dans ce contexte, MM Raffarin et Nastase ont présidé le premier séminaire inter-gouvernemental franco-roumain, un format traditionnellement réservé aux partenaires privilégiés de la France comme l'Espagne, le Portugal ou la Russie.
A l'heure des privatisations dans l'économie roumaine, GDF a pris le contrôle de 51% du groupe gazier Distrigaz Sud pour quelque 300 millions d'euros. Le groupe de BTP Vinci a décroché un contrat de 480 millions d'euros pour un tronçon d'autoroute et Alcatel de 60 millions d'euros pour la signalisation des chemins de fer roumains. M. Raffarin a obtenu par ailleurs la création d'une commission internationale afin d'examiner les dossiers d'adoptions internationales d'enfants roumains bloqués par un moratoire roumain depuis 2001. Des centaines de dossiers - dont 130 déposés par des Français, parmi lesquels 30 très douloureux, selon Matignon - sont gelés alors que les parents adoptifs ont noué des contacts avec les enfants.
"Nous sommes très sensibles à la douleur des familles. J'ai vu des hommes et des femmes déchirés par cette rupture", a expliqué M. Raffarin. M. Nastase a rappelé que la Roumanie avait décidé ce moratoire sur les adoptions internationales parce qu'elle était devenue un "point d'intérêt" pour les trafics d'enfants. Il a concédé toutefois qu'il demeurait des "situations délicates" et qu'il fallait les "résoudre d'une manière humanitaire". Les travaux de la commission, qui devrait voir le jour dans les prochainess semaines et examiner les dossiers avant la fin 2004, seront supervivés par une organisation internationale "respectée" du type Unicef, a-t-on expliqué dans l'entourage de M. Raffarin.
Cette décision est toutefois supendue aux élections générales de novembre en Roumanie. M. Raffarin a assuré avoir obtenu des garanties sur la mise en place de la commission, du côté de l'équipe en place comme de l'opposition.