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Procès des marchés publics: Roussin, présumé "chef d'orchestre", se défend

Publié le 26 octobre 2006

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PARIS, 25 oct 2006 (AFP) - Michel Roussin, ex-bras droit de Jacques Chirac à la mairie de Paris, jugé en appel à Paris dans l'affaire des marchés publics d'Ile-de-France, a nié mercredi avoir été "le chef d'orchestre" d'un vaste système de financement illégal des partis politiques dans les années 90.
"J'ai été poursuivi comme le pivot, le chef d'orchestre. Je suis innocent de ça, je ne suis ni l'inventeur (..) ni le bénéficiaire de cette organisation là", a déclaré Michel Roussin. "J'ai fait appel parce que vraiment la sanction est injuste", a-t-il ajouté, se disant "très meurtri" par les accusations portées contre lui. L'ancien ministre, âgé de 67 ans, qui a été directeur de cabinet du maire de Paris entre 1988 et 1993, compte parmi les onze prévenus rejugés en appel depuis une semaine dans ce qui est un des plus grands scandales politico-financiers des années 1990.

Reconnu coupable de complicité et recel de corruption, il a été condamné en première instance, en octobre 2005, à 4 ans de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende. La présidente, Christiane Beauquis, a rappelé que plusieurs témoignages évoquaient l'intervention de M. Roussin dans le "processus frauduleux" obligeant les entreprises attributaires des chantiers de construction des lycées franciliens à reverser un pourcentage des contrats dans les caisses de trois partis: RPR, PS et Parti républicain.

"Pourquoi la plupart des acteurs de ce système ont été en relation avec vous, qui étiez étranger au conseil régional et sans fonctions au RPR ?", interroge Mme Beauquis. "Dans le cadre de mes fonctions je suis amené à rencontrer beaucoup de monde", répond M. Roussin, droit comme un piquet face à elle. En tant que directeur de cabinet de M. Chirac, il est l'"interface" privilégiée pour ceux, notamment les patrons du BTP ou de bureaux d'études, qui veulent approcher le président du RPR, cherchant les faveurs d'un parti contrôlant un grand nombre de collectivités locales. Les faits se déroulent en 1992 et certains entrepreneurs sont encore "contrariés" par la loi réglementant le financement politique adoptée deux ans plus tôt et "continuent de tripatouiller" à la marge de ces nouvelles dispositions, affirme l'ancien haut fonctionnaire.

"C'est pour ça qu'on me sollicite (pour effectuer des versements, NDLR), mais moi je ne mêle pas de ce beau monde, je renvoie vers les trésoriers. Ca n'est pas moi qui vais organiser la répartition. Les partis ont leur stratégie". Dans cette affaire, Michel Roussin se considère comme un "bouc émissaire", un "coupable commode, parce qu'on ne peut pas aller plus loin comme l'a dit (le juge) Eric Halphen à la télévision" mardi soir. Il fait allusion au documentaire inédit sur Jacques Chirac que vient de diffuser France 2. L'accusation ne désarme pas et évoque le feu vert qu'aurait donné Michel Roussin à Gérard Longuet, alors président du PR, l'autorisant à solliciter à son tour, par le biais des listings du RPR, les entreprises les plus généreuses avec ce dernier: "Longuet dit que vous n'interdisiez pas d'aller chasser sur les terres du RPR". "Oui mais Monsieur Longuet est assez grand pour aller voir directement Jacques Chirac, qu'il tutoie", réplique M. Roussin, pour qui les propos de l'ancien dirigeant du PR n'engagent que lui-même. L'ex-bras droit de l'actuel président de la République a mentionné plusieurs fois être un ancien de la gendarmerie, de la "police humaine" selon son expression. "Vous m'imaginez avec ma formation organiser tout ça?". Le procès doit se poursuivre lundi avec les plaidoiries des parties civiles.

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