Satisfaction teintée d'inquiétude sur le site de Bombardier, dans le Nord
Dans son bleu de travail, son collègue Bruno Havemann, 53 ans dont 35 sur le site, dit être "content mais quand même inquiet : avant, on faisait tout ici, maintenant les pièces sont sous-traitées, on ne va plus être qu'une zone de montage". "Le contrat n'est même pas signé que l'on sait déjà que les pavillons et les faces seront fabriqués en République tchèque", dénonce Antonio Garcia, délégué CGT, qui craint qu'il n'y ait "pas d'effet escompté sur l'emploi". Rémi Causse, directeur de l'usine en convient : Bombardier "devient de plus en plus un concepteur-assembleur qu'un fabricant". Le contrat, qui donnera du travail à 400 fournisseurs en France, dont 53 dans la région, "entraînera une augmentation des effectifs à Crespin", assure-t-il sans la chiffrer.
Mais selon un porte-parole du groupe, le contrat ne devrait pas se traduire par des effectifs supplémentaires, mais il permettra de "garantir l'emploi sur les dix ans qui viennent" et les trains seront à 85% fabriqués en France. Devant l'usine, où des bâtiments modernes côtoient d'immenses ateliers en partie désaffectés, un intérimaire de 29 ans, Mathieu Sébastien, confie qu'il comptait sur ce contrat pour être définitivement embauché. Cela lui mettrait du "baume au coeur" car "ici, à part Toyota, y'a pas grand monde qui offre du travail". L'implantation de Toyota dans le Valenciennois en 2001 avait symbolisé la renaissance industrielle de la région, qui a perdu près de 40.000 emplois depuis les années 1970 et a vu son taux de chômage grimper à 22%, pour se situer aujourd'hui à 13,2%.
A la communauté d'agglomération du Valenciennois, on se félicite de "l'excellente nouvelle" du contrat pour Bombardier. "Même si on n'est plus dans des projets de créations d'emploi de masse, on est dans une dynamique positive".