Les modules PV sont-ils des DEEE ?

C’est en substance ce que pense la commission européenne, qui souhaite inclure les modules dans la réglementation globale des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) alors qu’ils sont jusqu’à présent couverts par un accord volontaire entre acteurs de la filière. « Nous sommes d’accord pour intégrer les grandes lignes de la réglementation des DEEE, mais sous la forme d’un accord volontaire qui nous permet de prendre en considération les spécificités des panneaux photovoltaïques, notamment leur durée de vie très largement supérieure aux DEEE classiques. Quel rapport entre un téléphone mobile mis au rebus après 18 mois d’utilisation et un module fonctionnant 30 ans ? » réclame Jan Clyncke, managing director de PV CYCLE.

Ainsi, espérant d’une certaine manière couper l’herbe sous le pied des instances européennes, et montrer sa bonne foi, PV CYCLE a-t-elle remodelé son accord volontaire cet été : engagement d’un taux de collecte de 85% des déchets, et d’un taux de recyclage de 80% de la masse collectée en 2015 (85% en 2020). « Nous allons également y adjoindre la création d’un outil de financement à long terme, par exemple un produit d’assurance, qui permettra de sécuriser le recyclage des modules, même si des fabricants ont disparu le moment venu » ajoute Jan Clyncke. Sage précaution dans un secteur hautement concurrentiel à l’international, d’autant plus que les producteurs de modules sont les principaux financeurs du système. Les résultats des cette bataille juridico-politique européenne devraient être connus début 2012.

Quelle valeur pour les modules en fin de vie ?

Si le modèle semble donc établi, il est encore trop tôt pour en déterminer l’équilibre. « Par exemple, dévoile Jan Clyncke, les coûts de recyclages sont passés de 250 € à 180 € la tonne en quelques années. Non seulement grâce aux économies d’échelles au niveau du transport, du maillage des points de collecte, mais aussi aux techniques de recyclage ». Ajoutons que les méthodes de fabrication impactent à l’évidence le prix du recyclage. « Il est probable que les modules déchets auront une valeur positive s’ils deviennent plus facile à délaminer » explique-t-il. Enfin, les choix commerciaux actuels influencent la valeur globale future des déchets. En effet, les panneaux contenant des métaux rares seront vraisemblablement recherchés : « Pour les module classiques, nous serons content d’atteindre une valeur nulle, mais il est probable que les couches minces par exemple, qui contiennent du cadmium, du cuivre-indium, du galium etc… auront une encore une valeur positive au moment de la collecte » prévoit Jan Clyncke.

Plus de points de collecte en France

Actuellement, seuls 25 points de collectes sont actifs en France (contre près de 70 en Allemagne, dont les besoins sont supérieurs). « Nous en avons perdu 10 partenaires français en 2011 ! (Ndlr: A cause du nouveau tarif d’achat…). Nous recrutons donc activement de nouveaux points de collecte, idéalement des installateurs » annonce Jan Clyncke. Combien ? PV CYCLE donne une réponse à taille variable : suffisamment pour que chaque point de collecte recueille 5 tonnes de modules par an. Coté pratique, le système est simple : il suffit d’installer un bac de collecte spécifique mis à disposition par PV CYCLE (dimensions : 180 x 120 x 120), et d’organiser en autonomie la réception et/ou la collecte des modules de sa région, le démantèlement des panneaux restant à la charge du client final, ou de l’installateur à titre commercial s’il remplace les modules. Précisons qu’il n’est nullement nécessaire d’être membre de l’association.

PV CYCLE en chiffres
229 membres en septembre 2011
Présent dans 12 pays européens
Plus de 1000 tonnes collectées entre Juin 2010 (début des opérations) et septembre 2011

Olivier Barrellier