Le Louxor réhabilité : richesse et magie du cinéma
"Le Louxor doit devenir un lieu de convivialité, un cinéma art et essai généraliste, sensible aux cinématographies du sud... de l'Amérique Latine jusqu'aux Indes en passant par l'Afrique et le bassin méditerranéen", explique la ville de Paris. L'enjeu est aussi patrimonial : "Nous nous sommes rendus compte que le décor initial, subtil mélange d'art néo-égyptien et d'art déco, existait toujours sous les couches des décors successifs", explique Eric le Bourhis, de la direction du patrimoine et de l'architecture. "Nous avons attaché une grande importance à restaurer le cinéma tel qu'il pouvait être à ses débuts, tout en l'adaptant aux normes actuelles".
Un défi patrimonial
Inscrit pour ses façades et sa toiture à l'Inventaire des monuments historiques, le Louxor constitue un élément remarquable du patrimoine parisien. La ville de Paris a désigné l'architecte Philippe Pumain, associé aux architectes Fabre et Speller, pour relever ce défi. Les trois architectes ont auparavant travaillé à la construction du Théâtre International Universitaire de Paris qui présentait des problématiques similaires à celles du Louxor : isolation acoustique et création d'une salle souterraine.
Il s'agit pour l'équipe de Philippe Pumain de restaurer la façade et la grande salle, d'environ 300 places, avec ses murs colorés, ses colonnes, sa fosse d'orchestre, ses deux balcons et son haut plafond ; un travail d'autant plus délicat que le cinéma doit respecter certaines normes comme l'accès aux personnes à mobilité réduite, la taille de l'écran, l'aération et l'isolation sonore. Philippe Pumain précise : "Mon intention est moins de restaurer la grande salle telle qu'elle était exactement dans les années 20 que de restituer l'atmosphère dégagée par l'architecture de l'époque. Par exemple, je cherche le moyen de reproduire les peintures colorées, réalisées au pochoir telles qu'on pouvait les entrevoir autrefois derrière les volutes de fumée des spectateurs, sous un éclairage bien plus faible que celui d'aujourd'hui".
Deux autres salles, d'environ 75 et 150 places, seront aménagées à partir des caves en sous-sol du bâtiment. L'occasion pour Philippe Pumain de créer l'expression contemporaine d'un décor égyptien en écho au décor historique. Là encore, l'opération s'avère complexe au plan technique en raison de la présence d'anciennes carrières. Une petite salle d'exposition et un café-club de restauration légère seront également associés à une librairie. Réouverture des portes prévue pour fin 2012, début 2013.
Laurent Perrin