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Déchets de chantier : le système de tri est-il efficace ?

Publié le 16 octobre 2012

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Trier, oui. Mais, où et comment pour les petites et moyennes entreprises du bâtiment ? L'opération de collecte et de transport des déchets de chantier effectuée par les artisans tend à s'améliorer d'année en année. Cependant, les démarches de recyclage et de valorisation de leurs déchets reste encore à améliorer.
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L'élimination ou la valorisation des déchets de chantier est un enjeu majeur dans le bâtiment. Pour les états membres de l'UE, un objectif commun de réemploi/recyclage est fixé pour les flux de déchets (toutes catégories) issus de la construction et déconstruction : il doit atteindre 70 % d’ici 2012. Au niveau français, la loi Grenelle 2 a aussi induit de nombreux changements directs ou indirects. Il était notamment prévu de diminuer de 15% les déchets enfouis ou incinérés d'ici à 2012. Pour les petits artisans, ces nouvelles dispositions appellent une réorganisation de chantier.

Revoir l'organisation globale du chantier

Pour Jean-Yves Burgy, gérant de Recovering, société d'expertise et de conseil dans le montage et le développement de filières de valorisation des matériaux, pour bien comprendre le système de tri des déchets, « il faut analyser la typologie des acteurs qui est extrêmement hétérogène : entreprises, artisans, il faut aussi s'intéresser à la taille des chantiers, la plupart d'entre eux sont petits, voire très petits, les gros chantiers ne représentent qu'une part marginale ». Pour les petits et très petits chantiers, les artisans doivent donc éviter de mélanger les différentes natures de déchets, même si ce n'est pas une obligation, et revoir l'organisation globale du chantier. « Préconiser le tri sur chantier n'est probablement pas pertinent. Les volumes sont trop faibles pour justifier économiquement de mettre en place des bennes spécifiques et d'ailleurs les impacts écologiques en matière de transport seraient très importants. Par contre, on peut mettre une ou deux bennes selon le schéma classique : benne d'inertes et bennes de déchets non dangereux (DND) en mélange » indique Jean-Yves Burgy. Dans les chantiers situés en agglomération se pose le problème de la place nécessaire pour stocker plusieurs bennes par exemple. On peut, dans ce cas, utiliser une benne compartimentée.

Les types de tri possibles

L'opération de collecte et de transport est donc effectuée par les artisans. Pour la collecte des déchets de chantier, deux types de solution existent : les déchetteries publiques ouvertes pour la collecte des déchets du bâtiment produits en petite quantité et les déchetteries professionnelles privées ou plates-formes de regroupement. Les artisans ont accès à la déchetterie des collectivités avec éventuellement un droit d'entrée. Ces installations (environ 4 500 réparties sur tout le territoire) peuvent avoir plusieurs bennes de déchets concernant le secteur du B.T.P. comme une benne de gravats, de bois, de D.E.E.E. (déchets d'équipements électriques et électroniques) ou encore de plâtre et les détenteurs de déchets sont invités à les déposer dans des bennes de manière séparée. « Si la place fait défaut, le tout est déposé en mélange dans la benne de D.N.D. qui pourra être triée en aval ». précise Jean-Yves Burgy. Ces installations "relais" doivent permettre de concentrer des quantités de déchets qui rejoignent ainsi des filières de recyclage.

Valorisation des déchets

Recyclera t-on 70% des déchets du BTP en 2020 imposés par la directive cadre déchets 2008 ? C'est là que le bât blesse pour Jean-Yves Burgy. « Ce qui est nécessaire à présent, ce sont donc des super plates-formes de tri avec de la place pour recevoir, trier et stocker les matières en attendant leur expédition et dotées des meilleures techniques de mécanisation» précise ce dernier. «Aujourd'hui, il ya entre 15 et 20 plates-formes de ce type, il en faudrait 5 à 10 fois plus pour atteindre les objectifs fixés »martèle le président de Recovering. La filière de recyclage et de valorisation des déchets issus de la déconstruction est d’une importance stratégique pour le secteur du BTP. Certains collecteurs de déchets ont investi et leurs outils leur permettent aujourd'hui d'éviter la voie de l'élimination en Installation de Stockage. Des précurseurs tels Nantet (73), Sermaco (42) Veolia (94) ou encore Serdex (69), garantissent à leurs clients des taux de valorisation importants même s'ils ne trient pas sur les chantiers, mais en plus à des tarifs très compétitifs.

Les industriels engagés

Certains industriels se sont engagés volontairement dans des démarches de recyclage et de valorisation de leurs déchets générés soit lors de la pose soit lors de la fin de vie de leurs produits.
Tarkett, fabricant de solutions de revêtements de sol et de surfaces sportives, s’est engagé depuis 2009 dans une stratégie environnementale avec pour objectif d’intégrer dès la conception des produits les impacts environnementaux pendant leur cycle de vie ainsi que leur recyclage ou réutilisation en fin de vie selon la philosophie Cradle to Cradle. Il s’appuie aujourd’hui sur un partenariat conclu avec 50 entreprises de pose et maîtrises d’ouvrage, qui a permis de collecter 187 tonnes de PVC en 2011. Dans le cas des déchets de plâtre, Placoplatre a structuré un réseau de plus de 110 collecteurs, la société Veka contribue elle au développement de la filière de recyclage des châssis de fenêtres. Le contexte est donc favorable à la valorisation. Pour autant, le changement risque d'être très lent.

Un déchet recyclé et transformé peut-il devenir un produit ?

L'ordonnance du 17 décembre 2010 a transposé la directive du 19 novembre 2008 sur les déchets. Le Code de l'environnement définit désormais notamment les notions de déchet, de sous-produit et introduit la possibilité de sortir du statut de déchet. Un décret du 11 juillet 2011 complète la transposition de la directive déchets et définit notamment les notions des différents types de déchets (déchet dangereux, inertes, etc). Depuis plus de 20 ans, la société Yprema transforme des déconstructions du BTP en matériaux. Son président, Claude Prigent, demande que le béton de déconstruction, devienne un produit à part entière et que la loi soit strictement appliquée. Il vient de lancer un appel public à l’administration, aux collectivités locales, aux élus et a déposé un recours au Conseil d’Etat contre cet arrêté.

 Bruno Poulard


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