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Le marché de la fenêtre, entre baisse de production et recherche d’innovation

Publié le 15 novembre 2018

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Si, à première vue, tout semble aller pour le mieux pour la filière menuiserie, la croissance observée l’année dernière peine à dissimuler les effets de la crise de 2008. Plus récemment, l’arrêt du Crédit d’impôt transition énergétique et la hausse des importations venues de l’étranger ont fragilisé encore davantage un marché déjà tendu. Alors, la fenêtre est-elle totalement tirée d’affaire, ou faut-il s’attendre à une nouvelle chute d’activité ? La réponse dans ce dossier.
Le marché de la fenêtre, entre baisse de production et recherche d’innovation - Batiweb

Comment se porte l'ensemble du marché de la fenêtre ?

Philippe Macquart, délégué général de l’UFME (Union des fabricants de menuiseries) et porte-parole du Pôle Fenêtre FFB :Le marché ne se porte pas si bien que ça. La crise de 2008 est passée par là. Nous fabriquions, en 2006, environ 12,4 millions de fenêtres, contre moins de 11 millions aujourd'hui. Cette baisse de production a entraîné la fermeture d'usines et des pertes d'emploi. Or, dès que nous avons une petite remontée d'activité, les salariés ne sont plus là et il faut recruter. En effet, les entreprises qui fabriquaient ces fenêtres ont disparu et le surcroît d'activité ne peut pas être absorbé par les restantes. Il y a donc un effet ciseau : la baisse d'activité d'un côté, qui nous a obligé à réduire la voilure, et la reprise actuelle à laquelle nous ne pouvons pas répondre convenablement. En plus des difficultés de recruter des salariés motivés et compétents, la moyenne d'âge est très élevée dans nos métiers, et nous avons beaucoup de départs à la retraite. Nous avons donc également un problème de recrutements à cause des départs en retraite.

Quelles seront, selon vous, les conséquences des récentes décisions gouvernementales, dont l'arrêt du Crédit d'impôt transition énergétique ?

P. M : L'arrêt du Crédit d'impôt (CITE) en 2018 entraînera déjà une baisse d'activité au troisième trimestre. Lorsque le gouvernement a annoncé la réduction du dispositif en juin, nous avons eu énormément de commandes auxquelles nous avions du mal à répondre. Cela a entraîné un pic d'activité, avant un effondrement de la demande au mois de septembre. Il fallait s'y attendre.

Par ailleurs, on ne comprend pas pourquoi le gouvernement fustige autant la fenêtre alors qu'une étude gouvernementale, menée par le CSTB et l'Ademe, démontrait en octobre que la rénovation d'un m2 de fenêtre était au moins équivalente à celle d’un m2 de mur isolé. Nous sommes très étonnés que la fenêtre sorte du dispositif de subvention alors que c'est un élément indispensable à l'isolation du bâtiment. Nous ne voulons pas sortir d'un dispositif efficient, qui pose un problème de reconnaissance de performance.

La synthèse 2017 de l'UFME faisait état de menaces venant de la hausse des importations. En quoi cela peut-il être un frein au développement ?

P. M : Le taux des importations augmente. Cela veut dire qu'elles ''piquent'' des parts de marché aux entreprises françaises. Globalement, les industriels Français sont obligés de s'aligner avec des prix à la baisse et ont de moins en moins de moyens pour se développer. La création d'innovation est ainsi empêchée par manque de ressources. Je pense qu'aujourd'hui, se battre contre la concurrence étrangère à bas coût est un réel frein au développement.

Quels sont les matériaux les plus recherchés par les consommateurs ?

P. M : Il n'y a pas une fenêtre qui se détache plus que les autres. Aujourd'hui, l'aluminium a pris des parts de marché et s'est très bien développé. Le PVC est un peu en baisse, certes. Il y a peut-être une concurrence intra-matériaux, mais les produits sont fabriqués dans les mêmes usines. Il n'y a pas de guerre entre les matériaux : actuellement, une fenêtre PVC peut être colorée comme une fenêtre alu, une fenêtre alu comporte énormément de PVC à l'intérieur, etc. Cependant, il y a des architectures, des fonctionnalités, des performances qui se distinguent. L'aluminium a fait beaucoup de progrès par rapport à 20 ans auparavant, ce qui explique une meilleure pénétration du marché, notamment dans le neuf.

Quelles sont les grandes tendances architecturales du moment ?

P. M : Les fenêtres de toit ont le vent en poupe, avec des produits magnifiques en neuf et en rénovation. Il y a également davantage de fenêtres mixtes bois-aluminium, qui se distinguent par leurs performances exceptionnelles. Vous pouvez avoir toute la couleur à l'extérieur sur une vraie fenêtre bois. Aujourd'hui, cette fenêtre tient une très bonne place dans le marché et a tendance à croître, occupant près de 2,5-3% de parts du marché.

Comment s'effectue la digitalisation du secteur de la menuiserie ?

P. M : Elle s'opère progressivement, en partie grâce à l'essor de la modélisation informatique du bâtiment. L'UFME a récemment publié des objets génériques BIM qui vont permettre aux architectes de modéliser, avec nos objets totalement numériques, des fenêtres numérisées. Ces fichiers sont déjà disponibles et vont être mis à disposition de l'ensemble des professionnels d'ici peu, gratuitement bien entendu.

Suppression du CITE pour les fenêtres : les propositions de la filière paroi vitrée

  • Demande d’accès à la globalité du rapport ADEME/CSTB, favorable aux fenêtres, publié le 16 octobre 2018
  • Participer aux réunions de concertation ;
  • Réintégration des travaux de rénovation des fenêtres dans le cadre du CITE, afin des critères de performances établis ;
  • Réintégration du remplacement des anciennes fenêtres en tant que travaux éligibles au CITE 2019 dans les conditions suivantes :
    • Remplacement d’anciennes fenêtres simple vitrage par des fenêtres performantes ;
    • Taux de 15% ;
    • Montant de l’aide plafonné à 100 € TTC par fenêtre remplacée.

Fabien Carré
Photo de une : ©Fotolia 

 

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