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Quand le BIM se met au service de l’ingénierie

Publié le 17 décembre 2018

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S’il est une entreprise qui n’a pas loupé le virage du BIM, c’est bien Systra. Dès 2012, le groupe d’ingénierie spécialisé dans les transports s’intéresse à la maquette numérique, autour de laquelle il met en place une stratégie de déploiement à l’échelle internationale. Résultat : un grand nombre de projets majeurs sont aujourd’hui conçus et réalisés grâce à ce nouvel outil, à l’instar du Grand Paris Express.
Quand le BIM se met au service de l’ingénierie - Batiweb

Las Vegas, en novembre 2017. L’Autodesk University, événement de référence sur le marché du BIM, bat son plein. L’effervescence est complète autour des nouvelles technologies, que sont venues présenter de nombreuses sociétés internationales. Pourtant, dans cet éventail à forte majorité américaine, un groupe français parvient à tirer son épingle du jeu : Systra.

La présence du groupe, expert dans le domaine de la mobilité, n’est pas due au hasard. Véritable pionnier dans le déploiement de la maquette numérique, il en comprend les enjeux dès 2012, alors même que se lancent plusieurs appels d’offres relatifs à des projets de grande envergure, à commencer par le Grand Paris Express. La conception du super-métro parisien est un déclic pour Systra.

« La vraie montée en puissance sur le sujet ‘’infrastructures’’ a été, pour la France, les projets du Grand Paris en 2013 », se remémore Sylvie Cassan, directrice du projet BIM Data Management pour l’hexagone. « Tout s’est enchaîné par la suite. En 2013, nous étions attributaires des premiers contrats du Grand Paris Express et de l’AMO Systèmes pour piloter la définition technique du système de transport du métro automatique. Nous étions également attributaires de la maîtrise d’œuvre pour le matériel roulant et les automatismes de conduite. En 2014, nous avons remporté d’autres contrats en partenariat, dont la ligne 14 Sud et, l’année suivante, le tronçon 4 . »

Un déploiement global qui passe par la formation

Le choix du BIM, qui pouvait surprendre il y a 5 ans, est pourtant pleinement assumé, voire revendiqué, par la société d’ingénierie, qui a à cœur d’observer les bénéfices de cette nouvelle technologie au service du secteur ferroviaire. La transition vers la maquette numérique n’est cependant pas de tout repos, et requiert une nécessaire période d’appropriation. La formation du personnel, notamment, soulève bien des réflexions.

« Nous nous sommes rendus compte que, pour notre domaine d’activité, l’infrastructure, il était préférable de créer notre propre cursus de formation. Nous avons décliné un programme comprenant à la fois une maîtrise des fondamentaux pour l’ensemble des collaborateurs du groupe et des formations davantage dédiées aux équipes projets. Il y a aussi des cursus pour les managers et nos équipes commerciales, en lien avec nos clients, ainsi qu’une formation liée plus précisément à la maîtrise des outils collaboratifs et aux échanges de données », détaille Sylvie Cassan.

Au total, plus d’un millier de personnes a d’ores et déjà suivi une formation chez Systra, qui ne cantonne pas l’utilisation du BIM à la seule région France. Au contraire, le groupe met en place, dès 2016, un plan de déploiement international porté par les différents territoires (Asie-Pacifique, Europe du Nord, etc.). Charge aux équipes locales d’organiser l’accompagnement des collaborateurs dans ce vaste projet de transformation.

Une prise de conscience quant aux possibilités offertes par la technologie

Importante de par son ampleur, cette démarche n’est pas sans conséquence pour Systra, qui ne tarde pas à monter en maturité globale. Certes, les process doivent être révisés et les collaborateurs sensibilisés, mais le jeu en vaut la chandelle pour l’entreprise, qui en profite, par là même, pour se distinguer de la concurrence. Ce n’est cependant pas le seul atout du BIM aux yeux du groupe.

« Le plus gros avantage concerne les interfaces internes et externes. La maquette numérique nous permet de visualiser, d'assurer la gestion des conflits, et de hiérarchiser les sujets de modification à chacune des phases du projet. Cela facilite grandement les échanges, à condition que le BIM participe à la réussite du projet », énumère Sylvie Cassan.

« Il y a un deuxième aspect, qui est d’extraire plus facilement les quantitatifs de la maquette. Cela facilite la maîtrise des coûts des projets. Surtout, nous produisons des livrables que nous n’aurions jamais pu faire avant. Par exemple, visualiser l’infrastructure dans son contexte global. C’est une avancée qui est très importante pour nous », souligne-t-elle.

Quand le BIM fait ses preuves

Ces avantages s’observent notamment sur un projet exemplaire : le Grand Paris Express. En la matière, Systra peut se vanter d'être omniprésent. En effet, l'expert en ingénierie de transports a été désigné par la Société du Grand Paris pour intervenir sur quelque 26 gares en construction neuve et le site de maintenance du futur super-métro, à Vitry. Viennent s'ajouter des gares d'interconnexion, à moderniser et à adapter pour le compte, cette fois, de la SNCF.

« Nous avons deux missions principales sur le Grand Paris Express : maître d’œuvre et Assistant à maîtrise d'ouvrage. En tant que maître d’œuvre, Systra intervient sur des gares, des ouvrages annexes, des tunnels, et sur la partie relative aux systèmes et automatismes de conduite. Toute notre conception est mise en œuvre dans des processus collaboratifs et avec des outils BIM », explique Sylvie Cassan.

« Nous sommes également au côté de la Société du Grand Paris pour impulser le déploiement du BIM vers les entreprises qui sont maîtres d’œuvre des systèmes pour pouvoir définir les cas d'usage concernent le BIM : les processus, l'organisation des données, la fourniture de la maquette, etc. C'est davantage une mission de facilitateur et d'organisateur des échanges », ajoute-t-elle.

Si, pour l'heure, seuls les travaux préparatoires relatifs au Grand Paris Express ont commencé, d'autres projets majeurs bénéficieront, eux aussi, des avantages du BIM. C'est le cas notamment du tunnel Lyon-Turin, long de 57 km et dont le lot central a été confié à Systra au sein d’un groupement d’ingénieries européennes. « De manière globale, nous serons plutôt sur des opérations de modernisation du réseau qui vont s'opérer en BIM. En revanche, nous travaillons également sur d'autres transports, dont le câble, avec des projets de téléphérique urbain à Toulouse et Orléans », fait savoir Sylvie Cassan. Une seule certitude : sous terre ou dans les airs, le BIM est décidément bien loin d'avoir fini son ascension !

Fabien Carré
Photos : ©Systra

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